Texte et photos de Corinne Hoex

Une ombre.
La visite d’une ombre sur le mur de la chambre.
Elle vous saisit une nuit où vous vous croyez seule.
Comme un désir lointain.
Comme un autre possible.

Je viens avec la nuit.
Je viens dans sa maison. 
Je ne dis rien.
Je la regarde.
Je n’ai pas d’yeux.
Pas de visage.
Je la regarde.
 
Le jour, je n’existe pas. 

Tétras Lyre, 2023
68 pages/22×22/ISBN978-2-930685-69-4

LECTEURS ET LECTRICES

Tes photos sont exceptionnelles. Je n’oublie pas ton texte, évidemment, il me rejoint, et pas peu, mais tes photos […] J’aime la force, si sobre, de tes textes. Mais ici… accompagnés par toi ! Et dans un dialogue d’une exceptionnelle réussite.
Gabriel Ringlet, 4 août 2023

Pourquoi ces photos me font-elles penser à Vermeer ? Une femme, des ombres et du mystère, mais finalement ce qui émerge le plus, c’est bien la lumière, une lumière que j’ai trouvée sur l’instant de nature spirituelle.
Anne-Sophie Périer, 7 mars 2023

J’aime vraiment tes poèmes. Ils sont sans graisse, ils vont droit à un but qui est sans but. J’aime dire aux auteurs et aux autrices qu’ils soutiennent ma vie, quand ils la soutiennent.
Lucien Noullez, 22 mars 2023

Très beau livre, très envoûtant, avec des photos superbes.
Katelijne De Vuyst, 18 mars 2023

L’image de cette poétesse prise dans le feu d’un projecteur qui n’illumine que son ombre peut faire penser à la phrase de Cocteau : « J’aimerais parfois que l’on m’envisage au lieu de me dévisager ». Mais au-delà de ces jeux d’ombres et de lumières se devinent d’autres enjeux. Ceux d’une artiste face à elle-même, qui s’offre – sans jamais se découvrir.
Marc Menu, 25 avril 2023

Ces photos sont mystérieuses et très belles, dans leur chaude lumière, leur ombre délicate. Toi prise par toi ?
Caroline Lamarche, 18 avril 2023

Il est magnifique, ton petit dernier ! Texte et photos nous emmènent à travers les épaisseurs du réel. Quelle belle histoire aussi ! Près d’une chapelle, nous ne sommes pas loin des apparitions.
Christine Van Acker, 17 mars 2023

Lointaine. Désirable. Debout dans ton énigme. Toi au-delà de toi. Longínquo. Atraente. De pé em seu enigma. Você além de si. Tellement belle, la page 52… Merci pour votre écriture. Les photos sont bouleversantes.
Gabriela Wezka Porto Alegre, 20 mars 2023

Je viens de lire L’Ombre de toi-même avec beaucoup d’émotion, sans imaginer, au début de ma lecture, que cette présence-absence vous a fait compagnie pendant la dure période du confinement. Plus qu’une expression artistique, en mots et images, j’ai senti le dévoilement de la solitude, de l’angoissante attente auprès de cette lumière protectrice de la visiteuse.
Kelley Batista Duarte, 6 avril 2023

Peu de mots, qui disent tellement […] Quant à tes photos, elles sont de feu : les jaunes, les ocres, les rouges incendient tes pages. Et le jeu des reflets, le flou savamment maîtrisé qui traverse le grain particulier de la pellicule nimbent cet incendie d’une lumière venue d’ailleurs. Poèmes et photos se répondent, s’épaulent, se soutiennent, dansent ensemble dans ce feu de lumière et de mystère. Il y a toujours une question derrière ce que tu poses sur la page. Une question sans réponse, bien sûr. C’est ce qui permet au feu de brûler, de ne pas s’éteindre.
Thierry-Pierre Clément, 31 mars 2023

Je parlais des couleurs, je les ai effectivement vues si subtilement mises en œuvre dans les photographies qui rythment ton livre. Le gros grain qui les compose, je présume dû à la vitesse très basse de l’obturateur, leur donne un fort caractère de présence. Belle présence aussi de l’ombre. C’est-à-dire du dialogue qu’elle te permet avec la vie.
Serge Núñez Tolin, 14 avril 2023

Une densité, une approche à la fois de proximité, d’intériorité. « Toi au-delà de toi. » J’ai envie d’applaudir la performance de celle qui retourne furtivement en coulisses après s’être laissée saisir par la lumière.
Jacques Lanotte, 31 juillet 2023

Extraits de presse

En bordure de crépuscule
Publié aux éditions Tétras Lyre, le dernier ouvrage de Corinne Hoex semble le miroir d’un autre, paru une dizaine d’années auparavant dans la même maison, L’autre côté de l’ombre (2012) : format identique, coexistence du texte et de l’image, questionnement du visible et fractionnement d’un long poème en petites parts subtiles – comme pour étirer les secondes et y puiser plus encore de matière à explorer. L’ombre de toi-même est un livre délicat, patiemment tissé entre les instants nébuleux qui marquent l’entrée dans la nuit.
Tu viens au monde le soir.
Le projecteur s’allume
au pied de la chapelle,
ravit dans son faisceau
les branches du tilleul,
le feuillage du grand chêne.
De cette lumière
chaque nuit tu nais.
Cette fois cependant, Corinne Hoex voyage en solitaire. Si elle arpentait les contours de l’absence en compagnie du peintre Alexandre Hollan dans L’autre côté de l’ombre, elle se trouve aujourd’hui à l’origine de l’image  comme du texte : celles qui jalonnent L’ombre de toi-même sont des photographies indissociables des mots, issues d’un surgissement conjoint, éphémère et pourtant renouvelé tous les soirs d’un été suspendu aux fenêtres. L’été 2020, Corinne Hoex découvre une ombre nouvelle sur ses murs, engendrée par la lumière d’un projecteur posé au pied de la chapelle voisine. C’est de cette rencontre fortuite que l’autrice fait le récit, précis et sensible, dans cet ouvrage aux tonalités ardentes.
Dans l’attente d’un corps,
elle vient vivre à ta place.
Si tu allumes, elle est le mur.
À travers la déclinaison d’un même motif, Corinne Hoex expose le trouble que suscitent les variations infimes portées par les images. Ce principe de répétition permet de déployer l’instant autant que la matière du réel, dans une succession de tableaux fantomatiques où les couches d’illusion et de réalité se superposent au point de se confondre dans un entre-deux fiévreux, mordoré, aux frontières du réalisme magique.
Par le biais de l’écriture comme de la photographie, L’ombre de toi-même parvient subtilement à fixer différents stades de l’éphémère. L’occasion pour l’autrice-photographe de questionner les projections (de soi), l’(im)matérialité du corps mais aussi les limites entre soi et le monde, interrogeant ce qui traverse portes et fenêtres scellées pour parvenir à l’intimité, jusqu’au point de rencontre avec soi-même – qui est aussi celui de retrouvailles possibles avec une amie, une mère, une fille.
La lumière te traverse
à l’envers de toi-même.
Tu existes à l’envers.

Louise Van Brabant, Le Carnet et les Instants, 17 avril 2023

Quiconque a lu, ou lira, le dernier ouvrage de Corinne Hoex — un superbe album poétique composé de photos et de textes — n’a pu, ou ne pourra, en ressortir indemne. À coup sûr ce livre vous happera, vous hypnotisera, et vous devrez y retourner sans cesse. Parce qu’il s’y déroule comme une plongée en apnée ; dans la beauté des photos en ocre et noir, avec parfois des taches rouges, des taches bleues, ou encore des taches vertes, des photos charnelles dotées de textures, c’est étonnant, des photos grumeleuses, parfois, et parfois brumeuses, des photos floues et ciselées à la fois, comme venues d’un autre monde, les photos d’une poétesse qui voit la vie bien différemment du commun des mortels. Leur thème ? Cette femme vue de dos, toujours de dos, dont on ne sait si elle est réelle ou bien inventée, si c’est l’autrice ou peut-être pas, et peu importe, puisque seul importe le mystère qui s’en dégage.
Et puis il y a la beauté d’un texte fort et incisif — sûrement fort parce qu’incisif — comme toujours chez Corinne Hoex, dont j’avais salué jadis « l’écriture au scalpel » et je ne dois pas être la seule à l’avoir qualifiée ainsi. Non que cela fasse mal de la lire, au contraire, c’est doux, sensuel, éthéré, et percutant. Chaque mot a sa place, aucun ne dépasse, et comme toujours le résultat est magistral.
La plongée en apnée se double d’un rêve éveillé qui nous laissera troublés, longtemps, agencé selon divers points de vue, que ce soit La Visiteuse, Le Rendez-vous, La Couronne, Le Mur, Au-delà, Le Visage ou l’envers, et pour finir Un Autre possible ; chaque partition de l’ouvrage, divisé en six parties plus une, donnant la parole à un différent élément du décor, de l’histoire, soutenu dans sa parole par les étonnantes photos, afin de tisser un tableau général somptueux fait d’impressions, de sensations, et surtout d’interrogations, une interrogation renforcée encore en fin d’ouvrage par le descriptif d’un vécu qui pourrait faire croire que —, et qui, « au bout du conte », n’est peut-être qu’un mensonge visant à nous égarer davantage ?
Comme dans tout travail artistique, chacun y trouvera ce qu’il voudra, ou aimera y trouver. Personnellement, j’ai voulu, j’ai choisi, d’y voir une visite depuis le Royaume des morts, une apparition à mi-chemin entre le rêve et la réalité ainsi qu’elles le sont souvent. Il me plaît d’imaginer que Corinne Hoex en a accueilli une et tenté de lever le voile d’un secret. À moins que ce ne soit elle qu’elle ait vue face à ce mur, ou quelque projection idéale d’un autre elle-même, ou encore d’une autre vie ?
Corinne Hoex est ici non seulement photographe et poétesse, elle est aussi magicienne, ce qui n’est pas le moindre de ses talents. Alors, n’hésitez pas, laissez-vous embarquer dans un fabuleux voyage au pays des couleurs et des sonorités dont vous ferez sens vous-même ; ou peut-être pas et peu importe, finalement ; sur les traces d’une femme qui vous dira Je suis la femme sans visage et pourtant, c’est moi qui vous regarde.

Edith Soonckindt, Nos Lettres, juin 2023


Ce livre de Corinne Hoex, L’ombre de toi-même, dont la présence nous touche par son mystère, son vécu qui reste énigmatique, est d’une grande intensité tragique. Par touches légères, les poèmes dessinent une silhouette, celle de l’absente. Il en émane une ambiance d’ombres et de lumières dans laquelle plane une lente méditation mais aussi une menace qui reste dans l’obscur par les torsions entre les pans de clarté et ceux de la nuit. Les photographies, qui accompagnent les poèmes, viennent d’un autre temps ; en témoignent les couleurs délavées, usées comme une étoffe, un palimpseste où s’écrit par effacement la solitude trop peuplée de fantômes.
J’aime énormément ces photographies, leur puissance suggestive, leur évidence qui vient d’un autre monde, de l’Ailleurs, d’un espace-temps qui n’est pas celui où, d’ordinaire, nous vaguons avec nous-même, avec un soi qui se dérobe à toute identité. Nous allons et nous venons dans l’habitation, en attente d’un « je ne-sais- quoi » qui n’arrive jamais. Les poèmes le disent, les photos de Corinne Hoex nous le montrent. Ce quelque chose n’est pas là et, à la fois, il est là en creux, par son manque.
Et puis, il y a ce terrible tercet, ces quelques mots qui ouvrent l’abîme de l’attente que vivent les assoiffé(e)s d’amour :
Dans l’attente d’un corps,
elle vient vivre à ta place.
Si tu allumes, elle est le mur.
« Elle est la mort », avais-je d’abord lu trop vite. La mort n’est pas celle que l’on croit ; sans elle, pas de langage (Freud souligne en effet que c’est la pulsion de mort qui rend possible la négation, donc le langage). Éros vient toujours après et son chant est l’envers de la mort qui enveloppe les amants et se cache au fond de la beauté (ainsi que l’a si bien vu Rilke dans sa première élégie).
Les poèmes de Corinne Hoex l’effleurent, ils disent à peine cette « Chose », dans une distance qui est de pudeur et d’impossible à dire, ils la murmurent, elle qui nous colle à la peau. Mais, heureusement, il y a la poésie, celle qui circule dans ce livre : par son humanité, elle est pour nous, envers et contre tout, un réconfort.

Philippe Lekeuche, Le Journal des Poètes, 3-2023

Décidément, Corinne Hoex nous surprendra toujours. Mais sans doute, ici, a-t-elle été surprise elle-même. L’effet, suite à un coup de projecteur, d’un soleil couchant qui semble n’en pas finir, non loin de la chapelle de Stalle, qui ne finit pas, qui ne cesse pas de mourir en cette fantasmagorie de couleurs. Où l’infini au fini se joint, où les cadres, les cadrages, s’approchent et puis s’éloignent. Couleurs étranges, ces noirs aux multiples nuances, ces jaunes multiformes, et l’incendie de ces sombres écarlates.
Un autre possible, écrit-elle, dans l’après-dire. Pourtant, l’été 2020, par un soir solitaire de cette saison solitaire s’alluma au pied de l’édifice (la chapelle, ndlr) un puissant projecteur dont la lumière pénétra jusqu’à ma chambre.
Simples (?) jeux d’ombre et de lumière ? Ce serait mal la connaître. Sur le mur apparut une silhouette, quelqu’un qui était moi peut-être mais qui n’était pas moi. Elle était là, plus grande, plus transparente aussi, silencieuse dans son enveloppe d’ombre. « Voilà ce que tu portes en toi de beauté et de rêve », me disait-elle.
À ces jeux subtils d’ombres et de lumières nocturnes, répondent des textes tout aussi subtils, avec un glissement continu de la première à la seconde personne, et de là la troisième. Mais tout se complique : est-ce la personne qui parle, qui s’adresse à l’ombre, ou l’ombre à la personne ? L’ombre et la personne qui, alternées, parlent au lecteur de leur alter ego ? Ou bien elle-même, s’adressant à elle-même, pour lui parler de son ombre ? Et Peter Schlemilh n’est pas loin, quand  les ombres s’effacent…
Ombres. Épaisseurs d’ombre
Ramassées en cette ombre
Lentement déposées en toi.
Ou bien encore :
Voyageuse de la nuit
Ta clandestine.
Ta vagabonde
Impossible, bien sûr, de décrire avec précision cette alternance d’ombres et de lumières, et le charme, la profondeur même de ce livre résident, sans doute, dans l’entrelacement de vivantes images et de courts textes allusifs, qui en explorent les profondeurs.
Les héros d’Homère et de Virgile sont revenus pleins de tristesse et d’amertume du pays des ombres. Ici, le mystère reste entier, et il reste encore à Corinne Hoex bien des terres nouvelles à arpenter, bien des mystères et des rêves à côtoyer… L’homme n’est-il pas le rêve d’une ombre ?

Joseph Bodson, Reflets Wallonie-Bruxelles, n°76, avril-mai-juin 2023, et site de l’AREAW, avril 2023

L’ombre, cette illusionniste …
La photographie et la poésie sont complices dans la capture de l’éphémère. La photographie, capture d’un fugace faisceau de lumière, crée sur la surface sensible (argentique naguère) la perception d’un moment enlevé au cours du temps. La poésie, moment incandescent, grave l’émotion, devenue mot, sur les parois du cœur ou de la mémoire avant de la déposer sur la feuille ? Qu’en est-il alors de « l’ombre » ? On le sait elle n’existerait pas sans la lumière, comme la musique sans silence ou, ici, la poésie sans l’ellipse, l’allusion, l’effleurement.
Avec L’ombre de toi-même, la poète Corinne Hoex prolonge aux éditions Tétras Lyre l’assemblage de la poésie avec l’image. On se souvient des gravures de Véronique Goossens qu’elle accompagna naguère du poème Les mots arrachés, ou encore, plus loin de nous dans le temps, L’autre côté de l’ombre avec des fusains d’Alexandre Hollan, et de Et surtout j’étais blonde orné de gravures de Marie Boralevi. Dans ce quatrième opus du catalogue de la maison (créée par l’artisan poète Marc Imberechts et aujourd’hui dirigée par  Audrey Voos), Corinne Hoex signe à la fois les textes et les images, des photographies.
Il s’agit plutôt de déclinaisons photographiques à partir d’une image initiale : vue de dos, une femme à sa fenêtre est découpée par la lumière de l’extérieur dont elle est séparée par ce qui semble être la grille d’un balcon. L’épigraphe de Christian Hubin nous guide dans cette première lecture de l’image, démultipliée en différentes grosseurs de plan et différentes couleurs : Quelqu’un de dos, qui s’est quitté, attend en nous. Voici une clé qui ne quitte pas la lecture, en prolonge l’énigmatique polysémie, de chapitre en chapitre, à commencer par le premier La visiteuse. Celle-ci semble être la narratrice : Je viens avec la nuit/ Je viens dans sa maison/ À moins qu’elle ne soit celle chez qui se rend l’étrange visiteuse : Je la regarde./Le jour, je n’existe pas.
Avec le deuxième volet, Le rendez-vous, la narratrice s’adresse directement à l’ombre appuyée au balcon qu’éclaire le projecteur jailli d’une chapelle : Tu viens au monde le soir. (…) De cette lumière/ chaque nuit tu nais. On se laisse alors porter par l’image poétique et par l’image visible, par la source de lumière aussi bien que par l’ombre qu’elle crée. Y a-t-il là une métaphore de la poésie : cette ombre qui n’existe que par l’éclat d’une lumière et n’est qu’illusion. Traversée de lumière./L’illusion qui te sauve.
Mais l’ombre, si elle est illusion, est aussi illusionniste. La voici qui couronne la spectatrice penchée vers la nuit dont soudain elle est enveloppée par les arbres dont les feuillages sculptent la lumière : Il (le projecteur) saisit en passant les feuillages des arbres,/ les branches les ramures,/s’empare de la rambarde
C’est alors au tour d’un nouvel obstacle d’apparaître, Le mur, où se jette l’ombre colorée cette fois dans une vertigineuse déclinaison photographique de la silhouette féminine encadrée de bleu et de jaune, qui semble danser à présent Somptueuse. Désirable.
Las, la nuit reprend ses droits. Le visage ou l’envers semble convoquer d’anciennes ou d’ancestrales frayeurs, anciennes car elles sont liées à l’histoire de cette femme au balcon ; ancestrales parce qu’elles naissent de cette chapelle dédiée à la Vierge de Bon Secours au XIVe siècle… Puis le projecteur s’est éteint et l’obscurité est revenue, conclut Corinne Hoex en finale de ce recueil saisissant, dans une page intitulée Un autre possible , qui fait face à une dernière photographie de la femme au balcon la nuit. Ici l’avant-plan est une porte. S’ouvre-t-elle ? Se referme-t-elle ?
Ne revient-on pas alors à s’interroger sur ceci qui est – paradoxalement- de l’ordre de la permanence : l’éphémère.

Jean Jauniaux, L’ivresse des livres, 17 avril 2023

Corinne Hoex intègre, dans un très beau recueil, de courts textes et de superbes photos aux tons chauds de rouge, jaune et brun artistiquement travaillés dont elle est l’autrice. Il s’agit d’une interrogation mystique et intime sur l’aspiration à la beauté et au désir d’ailleurs qu’on laisse parfois s’éteindre en soi par manque de vigilance ou de disponibilité. Ça vient par hasard, s’impose et soudain disparaît comme une lumière qui s’éteint brusquement. L’ombre de toi-même est un livre subtil, intense et séduisant. À ne pas manquer.

Monique Verdussen, La Libre, 11mai 2023

C’est une ombre sur le mur de la chambre de Corinne Hoex […] La poétesse l’attend, cette voyageuse de la nuit, somptueuse et désirable. Elle existe à l’envers. Dans les mots comme dans les images. Car Corinne Hoex a photographié l’ombre furtive, dans des tons nocturnes et flamboyants. Et l’on ne sait si ce sont les images qui ont créé les textes ou l’inverse. La poésie, en tout cas, imprègne les unes comme les autres. Le mystère aussi.

Jean-Claude Vantroyen, Le Soir, 2 décembre 2023

Autrice de romans coups de poing et de poèmes d’une grande subtilité, Corinne Hoex est, depuis le 29 avril 2017, membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, où elle a succédé à Françoise Mallet-Joris.
Saluons son nouvel opus, L’Ombre de toi-même, un recueil tout en finesse et magnifiquement illustré de photographies que Corinne Hoex a prises durant l’été 2020, quand une silhouette inattendue venait chaque soir lui rendre visite chez elle, sous l’éclairage du projecteur d’une chapelle voisine, celle de Notre-Dame de Stalle à Bruxelles, dédiée à la Vierge de Bon Secours […] Une ombre mystérieuse à l’évanescente présence.

Bernard Delcord, blogs Lire est un plaisir et Homelit, partenaires de Radio Nostalgie, ainsi que Satiricon.be, avril 2023

L’ombre d’une femme se détache noire sur fond orange, elle est debout, sur un balcon, des traits noirs — l’ombre des branches d’un arbre ? — zèbrent ce que l’on ressent comme l’incendie d’un crépuscule.
C’est la couverture du livre, un format carré, une fenêtre ouverte pour nous, va-t-on voir ce que cette femme voit ?
Toutes les quatre pages environ, une déclinaison de la photo de la couverture, saturée de tons ocres, nette ou pixellisée, immobile ou en mouvement… On ne verra que cette silhouette, prise chaque soir, dans le miracle recommencé de la lumière.
Un texte très bref court au long des pages, un poème, un souffle, un chuchotement, de peur que la magie ne s’envole… Interrogation sur cette ombre, sur notre ombre, sur les ombres, la beauté de l’instant, de la vie, de l’éphémère. Chaque soir, à la même heure, la narratrice dialogue avec cette ombre créée par un projecteur qui éclaire une église à côté de chez elle.
Est-ce sa mort qui vient lui rendre visite ? Son double, son autre, son âme, son désir, son envie d’autre chose ?
En tout cas une invitation à la rêverie, à l’interrogation, qu’elle offre à son tour au lecteur. Beau cadeau.

Sylvie Lansade, Encres Vagabondes, 5 juin 2023

C’était un rendez-vous. Dans cette période de confinement, en l’été 2020, Corinne devait rencontrer son ombre et pas seulement passer de l’autre côté. Lui parler. En faire sa messagère au milieu de lumières colorées, jamais froides, sa messagère furtive, saisie sur le papier, silencieuse. L’attendre comme on peut attendre un oiseau, vive comme la beauté, légère comme une âme.

Marc Verhaverbeke (pseudo Onarretetout),main tenant, 14 juin 2023

Livre très singulier que ce recueil de poèmes et de photos composé de six séquences qui annoncent comme une narration ou/et un voyage initiatique […] Éternité et présence éphémère à la fois.

Marc Quaghebeur, Association européenne d’études francophones, août 2023

Qu’écrire qui soit à la hauteur de l’œuvre de Corinne Hoex : L’ombre de toi-même ? Les courts poèmes, les photos, le sens de cette création, tout nous emmène ailleurs, ou plutôt au fond de soi. 

Jacques Mercier, Jacquesmercier Blog, 11 août 2023

Entretien avec Nicky Depasse, Off Air Nicky, Radio Judaïca, 7 juin 2023