Une femme rêve.
Un pirate, un horloger, un pâtissier, un fourreur, un maître-nageur, un dresseur d’otaries, un géographe, un pompiste… chaque nuit, son imaginaire s’empare d’un homme différent.
Des rencontres fantasques, sensuelles et extravagantes.



– Mais où êtes-vous, Madame ? Où êtes-vous ?
C’est un explorateur. Il farfouille sous mon édredon. Je n’y suis pas. Il cherche. Il adore ça.


MOT DE L’ÉDITEUR
Comme des tableaux volés, des regards furtifs par un trou de serrure, ces trente-trois courts textes nous projettent parmi les rêves excentriques d’une femme.
Ses fantasmes et son humour nous invitent à rencontrer les hommes imprévisibles qui peuplent ses nuits, les « corps de métier » qui viennent titiller son imaginaire.
Nous sommes conviés à jouer avec eux au jeu des métamorphoses, tout au plaisir de franchir sous leur charme les portes du fantastique.

Les Impressions Nouvelles, 2015
160 pages / 14,5×21 / ISBN978-2-87449-308-9
Couverture : Félicien Rops, Hypocrisie

LECTEURS ET LECTRICES

Vous avez ce don rare de suggérer sans surexposer, de titiller, de chatouiller, de caresser, mais du bout de la plume, l’imagination de vos lecteurs… C’est toujours une fête de vous lire, Corinne, et dans ce cas-ci, c’est en plus un frémissement.
Marc Menu, 13 novembre 2015

Ton livre est délicieux : j’en ai lu presque la moitié hier soir, trop vite ; dorénavant, j’en lirai un tous les soirs, comme on suce un bonbon en prenant garde de ne pas croquer tout de suite…
Monique Lambert, 30 novembre 2015

C’est superbe. Et quelle belle idée t’entremêler tes rêves de citations poétiques. Bref, c’est du tout bon Hoex, comme on l’aime. Mais, c’est curieux, je possède depuis toujours un valet de nuit et il ne m’a jamais fait délirer.
Alain van Crugten, 13 février 2016

Ta langue (littéraire bien sûr) est savoureuse, très fine, délicatement épicée, et, par elle, on savoure la chair du langage — et j’aime surtout là où elle se fait cruelle. Et ton art, où s’entremêlent plusieurs plans au sein d’un même écrit, d’un même texte, c’est du grand art, très chère Corinne ! 
Philippe Lekeuche, 4 décembre 2018

Je me délecte, me régale de tes Valets de nuit ! Quel livre somptueux, voluptueux, quelle écriture magnifique ! Je me rends compte que chaque livre de toi m’amène quelque chose de nouveau et de surprenant. Grand merci, Madame !
Paul Emond, 30 novembre 2015

Voilà qui est délicieusement fripon ! […] C’est vraiment peu courant, les phantasmes féminins relatés par une femme. Chez Hofmann, Laclos, Stendhal, Flaubert, Apollinaire, Bataille, Kerouak, Robbe-Grillet, on peut citer mille auteurs…, le désir féminin est souvent décrit par des hommes. Or, ici, on va un peu dans l’envers du décor, et on apprend !
Michel Fourgon, 18 décembre 2015

Quel régal ! Quel bonheur de lecture ! C’est intelligent, drôle et sensuel ! On en redemande.
Béatrice Libert, 11 décembre 2015

Du grand art, qui fait cent fois honneur au vers de Verlaine : « La nuance fiance ».  
Christian Thys, 23 novembre 2015

C’est absolument délicieux. Je suis admiratif (et quel art de la citation !) Une ode flamboyante à la sensualité !  L’envie me vient de m’essayer à mon tour (humblement) à quelques Dames de nuit ou de rêve, juste pour le plaisir, mais ce sera certainement autre chose. 
François Emmanuel, 26 février 2015



Extraits de presse en anglais

It takes seriously the realm of fantasy – not just as a space of discovery, where great perils might be safely explored, but as a structuring principle. 

« The Lit Parade. Best Books of the Year », Bookforum, Beatrice Loayza, December 2022, January and February 2023

Unabashedly funny and fiercely sensual, Corinne Hoex’s journey through the erotic is a breathless delight […] a truly astonishing outlier […] something which our Serious Literary Landscape sorely needs. 

« Announcing Our April Book Club Selection », Asymptote, Laurel Taylor, April 28, 2022

Diving without abandon into the realms of sexual fantasy and desire, Corinne Hoex’s Gentlemen Callers is a series of vignettes that follows the erotic as it traverses into the pleasurable, the humorous, and the absurd. As our Book Club selection for the month of April, Laurel Taylor described Hoex’s text as « a truly astonishing outlier ».  In the following interview, Laurel Taylor speaks to Corinne Hoex and her translator, Caitlin O’Neil, about the multi-layered operations of the epigraph, the difficult of translating wordplay and idioms, and writing with joy. 

« Everything is Permitted in Dreams », Asymptote, May 26, 2022


The playful and surreal English-language debut collection from Belgian writer Hoex comprises a woman’s dreamlike erotic encounters…[The book] carries the reader along with its abundant surprises.

Publishers Weekly, December 31, 2021


The language is artistic and evocative rather than explicit or crass, and the tone is inquisitive, suitable for the shifting realities the narrator experiences, akin to magical realism…Gentlemen Callers delights and entertains with its teasing short chapters, hinting at the pleasures to be found in playful encounters with imaginary lovers.

Foreword Reviews, Jeana Jorgensen, February 2022


This novel catalogs its heroine’s erotic fantasies and dreams with vivid, witty aplomb.

New York Times, January 28, 2022


In its love for a preposterous and ever-changing desire, Gentlemen Callers is less a switch than a floodlight cranked to full power; it shines, into the corners of ordinary life, a diffusive and even humorous erotics.

“The Conundrum of Sexual Life in Today’s America,” The Atlantic, Zoë Hu, March 23, 2022


Because dreams are never vague. They contain certain details that are precise, even.

« Transformation and Precision: On Writing Dreams », Literary Hub, Corinne Hoex (translated by Caitlin O’Neil), March 10, 2022

Corinne Hoex pulls off the neat trick of presenting the passionately sexual without being conventionally explicit […] It is nevertheless very deeply erotically charged. Corinne Hoex’s playful approach is very enjoyable.

Complete Review, M.A.Orthofer, June 10, 2022

Corinne Hoex harnesses the female gaze [and] puts women’s desire front and center, subverting the common trope of men sexualizing women as they go about their day… The tone is playful, sometimes outright funny, and yet, Corinne Hoex’s narrator is totally in control.

Full Stop, Kaycie Hall, June 27, 2022

Cavorting in a heady onrush of delirious metaphor and fantastic bodies, Gentlemen Callers trails a beguiling sort of erotica in its wake, one unabashedly wanton if never pornographic, capricious yet also cannily calculated in its forays beyond one-track hedonism, encompassing questions of sense, power, and gender.

Asymptote, Richard Hegelman, July 2022 

Corinne Hoex’s Gentlemen Callers is a scintillating portrait of a woman in pursuit of pleasure. 

« What we’re reading », The Guardian, Hannah Giorgis, July 2022

The thirty-three stories in this collection explore one woman’s erotic fantasies in spare prose that is as sensuous as it is startling. 

Southwest Review, March 8, 2022


Three excerpts : The Gas Station Attendant, The Sea Lion Trainer, The Hunter

Asymptote, January 2020

This pint-sized Belgian book was a delight. It was a dreamy, whimsical, and surreal read; erotic without being explicit; quirky and at times made me laugh. A contender for one of my favorite reads for the year. Thanks to @asymptotebookclub for the great translated book club selection!         

jordania.readsInstagram, Summer 2022

Extraits de presse en français

On devine la gourmandise de Corinne Hoex à l’imaginer écrivant ces rêveries érotiques, ces fantasmes dont Freud se serait fait une friandise délectable s’il avait pu allonger sur son divan viennois la conteuse et l’écouter narrer de sa voix enjôleuse les doux sévices que lui infligent autant de figures masculines qu’il y a de chapitres à ce livre roboratif.
Pour la narratrice avide, chaque nouveau partenaire invente, dans son environnement et avec ses accessoires, les fantaisies amoureuses que la belle encourage, détourne, pervertit à sa guise.
Et défilent pour notre plus grand bonheur le pompiste, le pâtissier, deux jeunes abbés (les plus succulents !), le maître nageur (le plus surprenant) et bien d’autres que vous allez découvrir avec délices… Pour nous ouvrir l’appétit, après l’interview de l’auteure, nous avons demandé à la lectrice de bercer nos sens par une lecture inspirée…

Edmond Morrel, Espace Livres, 4 décembre 2015 et Le Non-Dit, n°115, avril 2017

Contes espiègles. Jeux de mots et frémissements exquis en un duo harmonieux. Romancière peu conventionnelle, voire rebelle, Corinne Hoex aime être là où on ne l’attend pas. Et c’est dans l’érotisme, un érotisme joyeux, que s’immisce cette fois l’auteur du Grand Menu, poète à d’autres heures. Sans ingénuité ni vulgarité, c’est avec l’alibi du rêve qu’elle s’autorise, en effet, les explorations les plus coquines. Fantasmes, désirs, mirages… Valets de nuit s’introduit dans l’intimité d’une femme qui, chaque nuit, sous son duvet de cygne et déposant les contraintes des jours, s’imagine rencontrer un partenaire différent. Chacun est unique et transporte l’heureuse endormie — pas trop endormie tout de même — de vagues déferlantes en frémissements exquis. Chacun l’emmène vers son univers particulier, lui révélant des plaisirs qui la grisent…
Un pâtissier, un tailleur, un géographe, un pirate, un évêque, un explorateur… s’en viennent à leur tour gonfler une palette colorée de « 33 nuances de rêve » — ainsi que s’en réjouit la bande-annonce du livre. Et c’est, successivement et dans le désordre, piquant, voluptueux, irrévérencieux, audacieux, gourmand, pétillant… Mais c’est aussi espiègle et l’on sourit souvent à ces contes très courts qui, sous leur masque de fête, évoquent une autre jouissance que celle de jeux sensuels extravagants. Avec subtilité et une complicité charnelle avec la langue française, Corinne Hoex met les mots à l’épreuve et en fait une métaphore polissonne des émois du corps. On ressent constamment son plaisir à les faire bruisser, frémir, mentir ou soupirer sans qu’il soit permis de se méprendre sur les réalités qu’ils suggèrent. On est là dans un duo harmonieux entre l’écriture et son sujet.
Et comme pour mieux souligner cet engagement littéraire, elle convoque en exergue de chaque texte une citation d’écrivains. Baudelaire, La Fontaine, Rimbaud, Daudet, Hugo, Anna de Noailles parmi de nombreux autres apportent ainsi leur caution sans équivoque à ce florilège de récits capiteux et habilement effrontés. Mon Dieu ! Comme vous avez un grand lit ! Vous comptez recevoir ? lance Labiche d’entrée de jeux, en une sorte d’invitation à… Mais à quoi donc ?

Monique Verdussen, Lire, supplément de La Libre Belgique, 21 décembre 2015

Un enseignant a-t-il le droit de chroniquer un livre érotique ? Dans les pages culturelles du site de l’université qui l’emploie ? Avec comme alibi qu’il s’agit des « lectures de l’été » ? Mais, se demande-t-on, au-delà de sa couverture gentiment coquine, Valets de nuit est-il vraiment un livre érotique ? Il y a là matière à discussion. Si la réponse est « oui », l’érotisme en question s’adresse aux femmes (voilà le second alibi du chroniqueur masculin) : ce sont les hommes ici qui sont objets de désir – peut-être même, qui sait ? Corinne Hoex met-elle en scène des hommes-objets, à la fois vaporeux, musclés et raffinés. Mais la réponse est peut-être « non » : car, avant tout, Valets de nuit est un livre onirique, un recueil de récits de rêves, fantasmatiques, certes, mais irréels. Et sans doute, l’efficace érotique demande-t-elle un tant soit peu de réalisme : il faut y croire ; il faut faire fonctionner la fameuse suspension volontaire de l’incrédulité de Coleridge pour que la libido se mette en marche. Non ?
Or, les récits de rêve, n’en déplaise aux surréalistes, sont le plus souvent ennuyeux. Rien de plus difficile, en effet, que d’intéresser autrui avec ce qui se présente d’emblée comme faux : l’auteur se prive de l’immense ressource de l’illusion réaliste et de toute possibilité d’identification du lecteur au personnage. Et, par ailleurs, aucun sujet n’est plus périlleux à aborder que le désir, qui est si souvent trop personnel pour être partagé avec quiconque. Corinne Hoex parvient, en les cumulant, à relever ces deux défis : parler du désir et raconter des rêves. Et jamais l’on ne se sent exclu, et jamais l’on ne s’ennuie : on lit ces petits textes avec une vraie gourmandise. Ils ont la force d’être très brefs, de surprendre et de s’interrompre aussitôt, avant que l’on ne soit remis de sa surprise. Ils sonnent juste, vous effleurent, vous éveillent et puis s’éteignent, avec douceur ou cruauté, mais sans souffrir.
Enfin, si la rêverie est coquine, elle est aussi humoristique : le second degré, sans doute, met l’érotisme potentiel des scènes à distance, créant une sorte de tension, de va-et-vient entre écart et rapprochement – tension peut-être érotique tout de même, in fine. Qui sait ?
Quel est le secret de cette réussite inattendue et improbable ? Il n’est pas à chercher bien loin : il réside dans l’écriture, virevoltante, subtile, maîtrisée et audacieuse, de Corinne Hoex, ici au sommet de son art.

Laurent Demoulin, Culture, Université de Liège, juin 2016

Une Belge très coquine fait l’éloge du corps masculin dans ses nouvelles. Trente-trois courtes nouvelles pour cerner les fantasmagories d’une femme qui rêve à ses rencontres avec des hommes singuliers : l’astrologue solennel, le boucher érotomane, le pompiste odorant, le maître-nageur sculptural, l’instituteur sadique, l’évêque pris de frénésie partageuse… Entre deux métamorphoses en pieuvre ou en nuage, en côte de bœuf ou en chatte, nous participons, émoustillés et conquis, aux délires sensuels d’une poète. Et quel éloge du corps masculin, mine de rien.
Coquin, le ton du recueil est donné dès l’exergue par cette citation de Labiche : Mon Dieu ! Comme vous avez un grand lit ! Vous comptez recevoir ? Non, pas le moindre bâillement dans le lit de cette donzelle dont la prose ciselée avec art nous cajole et nous stimule sans jamais nous endormir. […] Corinne Hoex : une voix qui compte en notre bel aujourd’hui.

Christopher GérardService Littéraire, mars 2016 et Les Nobles Voyageurs, La Nouvelle Librairie, 2023

C’est l’éditeur, on suppose, qui a voulu mettre « 33 nuances de rêve » sur le bandeau rouge barrant la couverture. Évocation des 50 nuances de Grey, un brin fallacieuse car Corinne Hoex ne fait pas dans la salacité marquetteuse. Pas plus d’ailleurs que dans le nunuche effarouché, pas le genre. Non, ici elle joue très finement avec les suggestions par le biais de mots choisis pour leur pouvoir évocateur, sans jamais être grivoise ni vulgaire : une sorte d’exploit si on songe (pardon) que ce qu’elle raconte, ce sont trente-trois rêves de rencontres avec un homme par nuit. Aussi différent chaque fois que le géographe peut l’être du dresseur d’otaries, du pompiste, du cuisinier, du gardien de musée… Et aussi joliment écrit que ses recueils de poésie mais beaucoup plus amusant : on tourne les pages avec le même plaisir qu’on effeuille la marguerite. Comme chez le boucher, pour le coup on aimerait entendre « il y en a un peu plus, je vous le mets aussi?

Stève Polus, Wolvendael Magazine, décembre 2015

Les voluptés rêvées d’une amoureuse. Trente-trois nuances de sensualité superbement gouachées par Corinne Hoex. Ah ! le plaisir de lire ces fantaisies à la Gérard de Nerval ou Aloysius Bertrand, ces récits courts entre rêve et réalité qui allient la lascivité des coquines et la beauté enivrante de la langue. Corinne Hoex, enfin sa narratrice, rêve, chaque nuit. Du maître-nageur, du pâtissier, du tailleur, du jeune abbé, de l’instituteur, du cuisinier, du géographe, du climatologue, du plagiste, etc. Rêveries sensuelles et malicieuses, qui jamais n’oublient la pointe d’humour. La preuve par Le jeune abbé 2 […]
Cette nuit, j’ai rêvé de mon pompiste. Il était épris de moi et il savonnait ma voiture… C’est le début du premier rêve. Où la narratrice se plaît langoureusement à s’imaginer muée en éponge pour que le pompiste la caresse sur la vitre. Les 32 autres rêves sont à l’avenant. Le tailleur lui dessine une robe à même la peau, le gardien de musée lui fait le baisemain, moustache acérée et piquante devant le Jérôme Bosch, songeuse devant le Botticelli, fougueuse devant le Rubens, l’instituteur la fait crier dans son sommeil, un long cri rauque, grinçant, comme une craie blanche qui jouit, le géographe la bouscule de Colombie en Patagonie et de Yucatán en Nebraska, l’explorateur la rend sauvageonne, l’apiculteur la transperce d’une piqûre fulgurante… Le rêve est ainsi fait que la métamorphose y est aisée. La songeuse se fait lettre pour être ouverte par le facteur, mouche pour goûter la crème du pâtissier, vague pour fouetter le pirate, nuage pour envelopper l’aviateur, forêt pour sentir le chasseur, sable pour être ratissée par le plagiste…
Ces Valets de nuit sont d’une grande liberté et d’une grande délicatesse à la fois. Pas de gaillardise, ici, on n’est ni chez Rabelais ni chez Jean Teulé. Mais bien du mystère, du mur- mure, des mots susurrés, des douceurs et des sensations. Comme aurait dit Baudelaire : Là, tout n’est qu’ordre et beauté. Luxe, calme et volupté. Bien que le mot ordre soit, chez Corinne Hoex, assez impertinent : le rêve n’est jamais qu’une révolution contre l’ordre de la réalité. On prend un plaisir espiègle à lire ces fantaisies piquantes, à se laisser emporter par une langue ramassée, rythmée et belle, à sourire devant les citations de Hugo, Sévigné, Maupassant, Vian, Baudelaire, qui accompagnent chaque rêve. Ces Valets enjolivent de leur imaginaire nos journées autant que nos nuits. Et on se dit qu’on aimerait rêver ainsi, nous aussi.

Jean-Claude Vantroyen, Le Soir, 5 et 6 décembre 2015

Corinne Hoex nous raconte le jeune abbé, le dresseur d’otaries, le facteur, le pompiste, l’instituteur, le tailleur, le bourreau, l’aviateur, le gardien de musée et tous les autres hommes qu’elle croise la nuit. Les rencontres font quelques lignes et emmènent les lecteurs dans de délicieuses rêveries sensuelles tant l’écriture de l’auteure belge est légère, élégante, poétique, amusante aussi, en un mot, exquise.

Joëlle Smets, Soir Mag, 2 mars 2016

Mon Dieu, chère amie, comme vous avez un grand lit ! Vous comptez recevoir ? Ceci est du Labiche, revu et illustré par cette fameuse coquine de Corinne Hoex. S’amusant comme une folle, autant que nous ses lecteurs complices, elle invite, la nuit, quelques hommes de métier, à la rejoindre et à la faire rêver de la meilleure manière qui soit. On voit donc défiler dans l’alcôve le tailleur, le pompiste, le cuisinier, le boucher, l’astrologue, le pirate… et quelques autres, dont l’on n’eût point cru qu’ils fissent partie du nombre. Chacun apportera la preuve de son savoir-faire, tandis que l’heureuse bénéficiaire de tant d’égards et de gestes magistraux en tirera grand profit littéraire, imaginant, durant chaque visite, de délicieuses ou désopilantes métamorphoses. La drôlesse passe ainsi du statut de la statue, de la lettre d’amour, de la vague, de la fontaine à l’état de mouche, de chatte ou de panthère, quand elle ne devient pas tout entière forêt, sable ou même continent ! C’est à se tordre de rire et de plaisir en sa compagnie, même si l’on regrette de ne pas apercevoir dans la file des spécialistes le critique littéraire…
Écrit avec un luxe de métaphores et de succulents dialogues, le recueil s’effeuille avec gourmandise et rappelle la joyeuse époque des écrivains libertins de France… Et l’on pense inévitablement à l’Apollinaire en permission ou à l’esthète Pierre Louÿs ou encore à l’exquise Louise de Vilmorin ou à la peu sage Pauline Réage… Bref, rien que du beau linge, de jolies plumes et du papier de soie sur lequel furent couchées, dans des temps plus galants, de plaisantes aventures érotiques. Les Valets de Nuit de Corinne Hoex n’ont rien à envier à ces Rois de cœur et à ces Dames de couette et ils nous convient à partager avec eux une partie de cartes émoustillante, pour autant que nous soyons de vrais As dans la matière…

Michel Ducobu, Site de l’AREAW, 21 décembre 2015 et Reflets Wallonie-Bruxelles, n°47, premier trimestre 2016

Une citation introduit chaque rêve. La littérature s’allie à la jouissance. 33 fois. 33 scènes de plaisir que l’humour enveloppe ou conclut, car la chute ici est aussi importante que l’introduction. Et les mots nous mènent dans cette chambre, ce lieu secret où l’auteure invite les professionnels du quotidien, pompiste, facteur, boucher, gardien de musée, explorateur, sculpteur, et autres et les regarde faire, admire leur savoir-faire, se laisse manipuler, baiser la main, piquer au vif, et se cambre et s’étire. Il y a des hommes qui reviennent dans ses rêves, le pâtissier, le jeune abbé, le géographe. Parfois ils ne sont là que pour que naisse le désir, que pour adoucir le sommeil, pour tromper la solitude, pour habiter la nuit, parfois même le jour. Et en moi Barbara chante encore la chanson de La fiancée du pirate : Mon lit est assez grand / Pour des milliers d’amants (paroles de Georges Moustaki). Et je retrouve un autre poème, celui-ci écrit par Ingeborg Bachmann je les courtise tous / et n’en conquiers aucun, / le contrôleur de tramway / qui devant moi fait se fermer / la porte, le postier, / qui sonne / trop fort, tous / je les courtise, j’ai besoin / d’une armée d’êtres humains / à pouvoir aimer, / c’est dangereux d’aimer / les êtres humains, un crime / de s’imposer Et j’ouvre à nouveau le livre de Corinne Hoex et l’effeuille et le feuillette et garde en sa reliure la clef des songes. En couverture, un dessin de Félicien Rops, artiste belge, né à Namur en 1833, mort à Corbeil-Essonnes en 1898.

Marc Verhaverbeke (pseudo Onarretetout), Blog main tenant, 14 janvier 2016

La délicieuse Corinne Hoex nous livre des lignes coquines mais pudiques, tout en suggestions érotiques. En filigrane, il nous paraît aisé de deviner les aspirations de l’auteur, par le biais d’une écriture souple et rieuse. Les freluquets, très peu pour elle. Il lui faut du muscle. Tarzan est le bienvenu. Son livre aurait pu s’intituler La traversée du désir, peuplé de rêves impertinents, de frôlements suggestifs. Le Tailleur ou L’Aviateur sont des textes révélateurs. Ils nous invitent à laisser vagabonder plus loin l’imagination. L’écriture raffinée devient coruscante à l’évocation d’une chatte au toilettage : J’accompagne de la croupe avec un long mouvement gracieux et souple chacune des câlineries dont mon toiletteur m’honore. Plus visuels que sonores et sans doute en noir et blanc, les rêves de Corinne Hoex grisent sournoisement à l’instar d’un alcool inconnu. D’après les conventions — elle doit détester ça — le chat fait partie intégrante de l’aristocratie et le boucher de la canaille. Or si vous êtes attentif à ses doigts fermes, ses ongles courts, ses poignets robustes, il en va tout autrement. N’omettons pas les yeux sombres, même si le regard évoque celui d’un bovidé.
L’auteur possède des dons de transformiste. Tour à tour elle se métamorphose en marinade, fontaine, sable ou forêt. Irrésistible elle parviendra à séduire un jeune abbé. Du coup — si j’ose dire — on a envie d’entrer dans les ordres.

Marc Danval, The Brussels Magazine, n°355

Une femme rêve… Elle a l’onirisme coquin. Pas de pornographie, ici, de vulgarité ou de sadomasochisme, mais un érotisme délicat, ludique, littéraire et non dénué d’humour. Chacun des trente-trois rêves est centré autour d’un homme défini par son activité : le pompiste, le maître-nageur, l’aviateur, le jeune abbé, le boucher, l’instituteur, l’astrologue, l’évêque… ou le tailleur qui déshabille au lieu d’habiller.
Chaque texte est précédé, en exergue, d’un court texte d’auteur (Hugo, Daudet, Giono, Racine, Corneille, Zola…) ou d’un extrait de poème (Verlaine, Rimbaud, La Fontaine, Vian…) pour nous mettre l’eau à la bouche. Ainsi pour le gardien de musée cet extrait de La moustache de Guy de Maupassant : […] ne te laisse jamais embrasser par un homme sans moustaches ; ses baisers n’ont aucun goût, aucun, aucun ! Cela n’a plus ce charme, ce moelleux et ce… poivre, oui, ce poivre du vrai baiser. Pour le toiletteur, ce sont quatre vers de Baudelaire : De sa fourrure blonde et brune / Sort un parfum si doux, qu’un soir / J’en fus embaumé, pour l’avoir / Caressée une fois, rien qu’une. Voilà qui met en appétit et il suffit de tourner la page pour plonger dans le rêve.
Il n’y a pas que les hommes qui intéressent notre rêveuse, certains objets jouent aussi un rôle non négligeable dans ses fantasmes comme le peigne du toiletteur, l’éponge du pompiste, la craie de l’instituteur ou la sacoche du facteur où, transformée en lettre, elle aimerait se glisser. Quand ce soir, il terminera sa tournée, il me trouvera au fond du sac, toute frémissante. Ses doigts seront sur moi enfin qui m’ouvriront
Les métamorphoses nourrissent plusieurs songes. La belle endormie devient la forêt visitée par le chasseur, la vague qui se précipite sur le pirate ou l’eau de la fontaine qui rafraîchit le terrassier. Il s’est penché. Il m’a souri, de ses yeux fauves et veloutés, en se mirant dans mon reflet. Il m’a prise dans ses mains, m’a soulevée jusqu’à sa bouche et j’ai senti ses lèvres et j’ai senti sa langue. Il m’a saisie encore, m’a projetée contre son torse. Et je me suis glissée tout le long de son cou, j’ai pénétré son maillot de corps, explorant chaque muscle, serpentant vers le nombril, ruisselant de plus en plus loin. Au fil de ses rêveries, elle croise de nombreux animaux : des pieuvres, des loutres, une mouche, une chatte, un éléphant de mer… mais pas de raton laveur. La rêveuse est joueuse et le lecteur se prend au jeu.
Amateurs de sensualité et de littérature, ce recueil est pour vous. Vous naviguerez d’un univers à l’autre de page en page et peu à peu vos propres fantasmes se mêleront à ceux de la narratrice. Ce livre peut devenir aussi un outil précieux pour un atelier d’écriture où chacun et chacun pourrait donner libre cours à ses vagabondages oniriques. Un joli cadeau pour éveiller l’imagination et titiller le désir

Serge Cabrol, Encres Vagabondes, 23 décembre 2015

Il s’agit bien ici de rêveries coquines, distillant surtout un érotisme parfaitement jubilatoire : en effet, les rêves ici racontés sont très drôles et restituent du même coup la légèreté indispensable à tout érotisme de bon aloi qui, hélas !, fait trop souvent défaut aux écrits dits érotiques répandus aujourd’hui à foison sous la plume trop lourde et platement descriptive de tant d’auteurs. Corinne Hoex évite ce piège grossier avec une belle maîtrise, et emporte le lecteur très consentant (d’ailleurs il en redemande) dans un tourbillon badin qui ne s’embarrasse d’aucune vraisemblance, tout en suggérant de parfaites délices… L’imagination, ici, est pleinement au pouvoir, et c’est délectable ! Ainsi, notre narratrice, totalement abandonnée aux mâles de ses facéties oniriques, ne craint aucune métamorphose : la voici tour à tour changée en éponge, en nuage, en statue, en mouche, en panthère, voire en sable blanc ou en authentique planisphère… Tout ceci, évidemment, pour la bonne cause : muée en chatte, par exemple, entre les mains du toiletteur, quelle volupté sous les doigts du peigne (pas très éloignée de la sensation éprouvée par le sable sous le râteau du plagiste) ! Parfois, rassurez-vous, elle reste femme, tout simplement, ce qui ne diminue en rien ses capacités sensitives… J’ajoute qu’aux plaisirs de l’humour et de la suggestion érotique se combine celui de la langue écrite : Corinne Hoex manie la plume avec un art consommé, qui connaît la valeur et la juste portée de chaque mot, de chaque enchaînement, de chaque effet produit par telle répétition, tel chiasme, telle allitération. Cet art est ici entièrement mis au service de l’évocation, du comique et de l’imaginaire, concoctés avec de savants dosages et un plaisir manifeste (notre écrivaine s’est visiblement beaucoup amusée), et le gâteau sorti du four est incomparablement délicieux ! Je ne puis clore ce paragraphe sans mentionner les citations qui illustrent les trente-trois rêves de la narratrice : qu’elle provienne de Victor Hugo, Anna de Noailles ou Jean de La Fontaine (celui des Contes, bien sûr), chacune d’elles vient éclairer subtilement et, souvent, avec un surcroît d’humour, le rêve qu’elle introduit – et toujours avec un merveilleux à-propos. Allons, ne soyons pas avare, je vous livre la première d’entre elles, celle qui ouvre le livre : Mon Dieu ! Comme vous avez un grand lit ! Vous comptez recevoir ? (Eugène Labiche)

Thierry-Pierre Clément, Le Non-Dit, n°112, été 2016

L’ouvrage au parfum érotique charrie un humour sensuel. Il est construit de façon originale, entre courte nouvelle et poème en prose. Corinne Hoex met en scène une femme qui convoque dans ses rêves des hommes différents. Trente-trois hommes de métier, pâtissier, terrassier, instituteur, maître-nageur… Le récit se transforme délicatement, subtilement, en un jeu assez affriolant. Ainsi, la narratrice devient une lettre dans les mains d’un facteur ou une carrosserie sous l’éponge d’un pompiste.

Nicole Debarre, Musiq3, 4 janvier 2016

Les récits d’une femme qui, chaque nuit, imagine des moments torrides avec des hommes différents. Un horloger, un maître-nageur et, plus surprenant, un dresseur d’otarie. Chaque nuit son lot de sensualité.

Arthur Œuvrard, Elle, 2 septembre 2015

Trente-trois rêves et autant de nuances : chaque nuit, un homme différent habite l’imaginaire de la dormeuse. Cette nuit, ce sera pompiste, pirate ou géographe ? Un recueil surprenant, et délicieux.

Sabine Panet, Axelle, n°186, février 2016

C’est toujours pour moi une joie totale que de lire Corinne Hoex. Et je vous en parle régulièrement, Corinne Hoex la romancière qui s’adonne de plus en plus à la poésie – et avec un si grand bonheur. Elle a en outre beaucoup publié en cette année 2015 : pas moins de 4 ouvrages ! Le dernier-né, Valets de nuit, est tout juste paru aux Impressions Nouvelles. Un livre quelque peu atypique, voire inattendu, que ce recueil de rêveries très féminines. Et quelles rêveries : délicatement érotiques et coquines, doucement suaves et délicieusement sensuelles.
La pointe de la plume très exacte et amusée, chatoyante et raffinée de Corinne Hoex dit à merveille ces mille manières d’éprouver les frémissements qui ravissent et vous pâment sous la caresse de mots affriolants, sous les doigts délicats d’un homme ou son regard pénétrant. Des rêveries, des phantasmes fantasques et extravagants parfois aussi. On jouit par-dessus tout de cette langue exquise, on s’emporte dans ses vertiges, on s’amuse beaucoup, on se sent des frissons tout le long des bras et du dos, là où les petits poils se cambrent et se dressent avec délectation.
Alors, vous rêverez peut-être avec nous de lingeries délicates, d’étoffes soyeuses ou d’autres matières voluptueuses. Vous rêverez peut-être de ciseaux ou de pointes, d’outillages divers ou de formes contondantes. Vous rêverez peut-être à ces emportements sous d’autres horizons, à de subtiles extases sous les gestes sûrs d’un pâtissier, les consignes d’un géographe, les prescrits d’un jeune abbé ? Ou d’un maître-nageur, d’un garagiste, d’un pirate ? D’un horloger, d’un chasseur, d’un terrassier ? D’un évêque, d’un boucher ou d’un dresseur d’otaries ? Trente-trois rêveries au total, d’exquis moments, soyez-en sûres, mesdames. Et, vous messieurs, n’oubliez pas combien les mots, les beaux mots importent tant en amour pour éveiller les sens, donner la vie aux formes et créer la matière du plaisirUn livre pétillant de malice érotique !

Eric Brucher, Antipode, 29 novembre 2015

C’est un de ces bonheurs de lecture qui nous arrivent de temps à autre, surtout quand c’est – non pas le hasard ! – la chance qui préside à la rencontre. Nicky Depasse recevait Corinne Hoex dans son émission matinale sur Radio Judaïca, alors que cette fois-là je donnais en direct mon « Mémo » hebdomadaire (c’est-à-dire mes phrases picorées dans un livre que j’apprécie). Je ne connaissais Corinne Hoex que par certains recueils de poèmes, toujours si bien soulignés par des illustrations choisies, mais je ne l’avais jamais croisée et surtout je n’avais pas encore lu son dernier ouvrage Valets de nuit !
Ce sont plus de trente rêves, des fantasmes, mais le mot n’est pas approprié, c’est mieux que cela, c’est plus élégant, moins agressif. C’est poétique, comme l’est depuis longtemps, notre tradition de l’imaginaire poétique belge. Tout est possible, c’est ainsi que nous pouvons vivre sans être étouffé par la petitesse du pays. Ces récits courts sont imaginés avec un horloger, un fourreur, un géographe, un pompiste, etc. Le sculpteur propose une fin géniale, je vous conseille ce texte pour l’humour. Mais tous sont intéressants et jouissifs. Le vigile, par exemple. Chaque texte est précédé d’une citation adéquate et c’est une entrée en matière délicieuse. Le style est simple, clair, évident et appelle à la suite de la lecture.
Hypocrisie de Félicien Rops a été choisi pour la couverture. Quel merveilleux choix ! Ces fesses de femme qu’entoure un loup de carnaval. Laissons-nous emporter par ces histoires, par ces mondes étranges, qui sont bien féminins dans leur univers, mais qui nous touchent tant aussi ! J’ai parlé de « bonheur » et de « jouissif », on est dans le propos !

Jacques Mercier, Lire est un plaisir, 14 décembre 2015

Chaque année, au moment des bilans, je vois que des choses encore plus incroyables que l’année précédente ont vu le jour. La vie de notre société est remplie de surprises, de rebondissements, d’exaltations. Et toujours cet adjectif qui nous relie à la Belgique en quelque sorte : surréalisme ! Ou bien ce lieu commun : « La réalité dépasse la fiction » ! Les artistes ont une imagination infinie, mais la vie souvent dépasse les œuvres.
Je vous note seulement ma dernière découverte de l’année, un livre délicieux de Corinne Hoex « Valets de nuit » qui sont 33 rencontres rêvées, sensuelles et insolites, 33 rêves ! Une petite merveille de délicatesse dans ce qu’on appelle « l’imaginaire belge ». Mes souhaits de 2016 pour vous sont donc de continuer à « imaginer », mais aussi que la vie sur terre se poursuive de plus belle avec ces incroyables cadeaux ! N’oubliez pas cette réflexion de Jules Claretie : « Vous aimez les livres ? Vous voici heureux pour la vie ! »

Jacques Mercier, Phenix, 8 janvier 2016

Les ravissements d’une rêveuse. Un coup de cœur du Carnet. Dites 33 et vous rencontrerez autant de personnages dans Valets de nuit, le dernier livre en prose de Corinne Hoex, lesquels vous seront tout dévoués comme l’indique leur titre. Peut-être pas tout le temps, mais en tout cas la nuit, quand vous rêvez. Est-on responsable de ses rêves ? Bien sûr que oui. Inconsciemment sans doute, à ceci près qu’ils correspondent probablement plus à un désir informulé ou informulable qu’au hasard de la position du dormeur ou à la qualité de son matelas. Ce sont ces rencontres furtives, totalement fantasmées ou secrètement souhaitées que nous racontent les trente-trois textes courts, économes, incisifs du volume.
Chaque nuit, la rêveuse – dort-elle vraiment ? – imagine rencontrer un homme différent. Il peut surgir de son univers familier, être le pompiste souriant qui lui fait le pare-brise, le facteur quotidien, le maître-nageur qui surveille ses ébats dans la piscine, le gardien de musée qui la suit de salle en salle, le cuisinier qui lui livrerait ses meilleures recettes, ou le cambrioleur dont elle ne souhaiterait pas la visite, en temps normal. Les voici métamorphosés ou propices à sa propre transfiguration. Mais notre conteuse va dépasser la frontière du connu lorsqu’elle vise les développements excentriques que lui inspire son imaginaire. Rien ne l’arrête et surtout pas la timidité sinon la décence dans ces rencontres avec les hommes les plus imprévisibles comme avec ceux que l’on croit bien connaître. Le dresseur d’otaries, le géographe, le pirate, l’astrologue ou l’explorateur sont certes des personnages hors du commun de tous les jours. Tout va dépendre de la relation qu’entretiendra avec eux la rêveuse. Mais la surprise, l’étonnement, le frisson sont plus forts quand elle nous emporte au-delà de tout discours connu : en subvertissant le thème annoncé ou gauchissant la première sensation ; en inversant les valeurs objectives et subjectives ou mettant à plat les définitions usuelles. Par exemple, le fourreur, le tailleur, le plagiste sont le lieu d’une hésitation délicieuse entre le contrôle de soi et la provocation, entre l’économie pratique et la tendre violence. Tout cela pour s’arrêter à temps, au moment de l’ultime intime dans les mots sinon dans les actes.
Trente-trois textes donc, titrés et typés, dévolus à un valet de rêve prompt à satisfaire tous les désirs, ou presque. Chacun de ces textes est introduit par une citation en exergue adaptée. La conteuse tient à ses lettres mais aussi à manifester son humour, qui rejaillira d’autant mieux que cette citation se verra accordée au récit qui s’ensuit, ou au contraire, sera tout à fait en décalage. Car tout fait farine au moulin pour reprendre l’une de ces expressions clichées qu’elle aime à retordre. Corinne Hoex a une grande connaissance des références qu’elle se choisit, mais aussi des habitus de ses personnages inspirés du réel et du social environnant. C’est tout cela que magnifie l’écriture, nouvelle à chaque page où le détour est inattendu. Corinne Hoex est poète, ici aussi. […] avec en première de couverture un beau portait de Rops, un corps de femme rond et coquin.

Jeannine Paque, Le Carnet et les Instants, 4 janvier 2016

Les lettres belges s’émoustillent […] S’en suit ce brick traversant les flots sensuels des rêves les plus audacieux. Arche de Noé peuplée des plus vaillants mâles aux ailes d’anges, ils se glissent dans les plis d’une soutane, sous le képi d’un gardien de musée. Le géographe, compas brandi, sculpteur au burin rougeoyant, du vigile à l’explorateur, du bourreau au croustillant plagiste, tous hantent les rêves d’une belle frémissante à l’idée de sentir le râteau du jardinier lui ratisser la plus infime parcelle ondoyant dans son petit jardin… Corinne Hoex fait rêver cette femme… Facteur, aviateur, boucher, explorateur, sont les Valets de nuit qui surfent sur les nuages de rêves sablonneux… Tous glissent, tous se meuvent en amants imaginaires, laissant à la nymphe le plaisir de les sculpter, de les croquer ou de tout simplement se laisser regarder…

Willy Lefèvre, Les plaisirs De Marc Page, 14 décembre 2015

Ces Valets de nuit peints par Corinne Hoex nous titillent, nous emportent, nous séduisent. L’auteur présente, en ce recueil inspiré, une sorte de harem d’hommes fantasmés, images de rêveries nocturnes, riches en séductions diverses, robustes ou exerçant des métiers choisis, tous se laissent approcher par la narratrice qui pour mieux s’en saisir, se plait à revêtir quelques travestissements facétieux. Ainsi elle apparaît parfois en fine mouche, chatte voluptueuse, otarie docile ou encore en forêt ou fontaine, sainte ou statue. […] Escortés de magnifiques citations, entre autres de Baudelaire, Daudet, Rimbaud, les chapitres se savourent comme autant de coquines friandises.
Il est rare de voir se raconter les désirs d’une femme, habituels objets tentateurs de la littérature, c’est neuf et traité avec un humour revigorant, ingrédient rare aussi dans le genre érotique. Il est cependant plus question ici de raffinement et de délicatesse que d’érotisme brut, le champagne des sens distillé dans Valets de nuit  par Corinne Hoex, à la toujours belle écriture, est du meilleur cru, tout en finesse. Ses bulles éclatent, légères et ne se confondent jamais avec celles d’un vulgaire mousseux.

Anne-Michèle Hamesse, Nos Lettres, n°18, mars 2016 et n°19, juin 2016

Le temps d’une ou deux pages, Corinne Hoex, qu’on sait poète et joueuse (sous sa plume, que de décollations !), s’en donne à corps joie et jouissance en mêlant aux rêves de son personnage principal nombre de Valets de nuit que 33 nouvelles gâtent de beaux atours. Les lectrices s’en pourlècheront les babines (oui, lectrices ; dans une coquille-lapsus où se loge le narrataire,  du plus bel effet, p.45 : C’est elle qui m’électrice, en langage lacanien « c’est elle qui m’est lectrice » ­— on attendait « électriSe »).
Que de corps musclés et rêves réjouissants pour la narratrice qui se métamorphose en mouche, en sable, que sais-je… L’imagination et la prose brillante font le reste : les micro nouvelles se lisent vite et se nourrissent de métaphores, d’humour, de chutes de reins et de rêves.
Du beau travail vraiment, sous la bannière, chaque fois, de grands auteurs qui prêtent à épigraphes (Daudet, Giono, Rimbaud…). Toutes les professions y passent et la belle narratrice jauge les exploits d’abbé, d’explorateur, de pompiste, de pâtissier, jusqu’à éprouver les délices d’un boucher ! Quand enfin il lève son visage, ses yeux sombres sont sur moi. Et lorsqu’il me demande « Et avec ça? »,  je sens que j’en voudrais encore (p.52) Parmi les 33, ma préférée : la lettre d’amour pour Le facteur

Philippe Leuckx, Les Belles Phrases, 28 novembre 2015, et Phœnix, n°20, février 2016

La littérature a ceci de magnifique qu’elle offre de jolis moments de découverte aux lecteurs en quête de renouveau. Corinne Hoex fait partie de ces auteures qui maîtrisent la plume avec raffinement et qui n’engendrent jamais l’ennui. Elle manie la langue avec une intelligence rare et promène son encre dans des univers sophistiqués, imaginaires ou réels. Voire, elle imbrique le tout et nimbe ses chapitres d’envolées lyriques, fantasques et sensuelles. Sur le ton de la confidence, elle raconte les rêves d’une femme de notre temps, qui fréquente la piscine de la rue de la Perche, non loin de l’hôtel communal de Saint-Gilles, et qui s’envole dans des rêveries extravagantes. Son entourage sert de point d’assisse et, chaque nuit, elle accapare un homme différent, proche, lointain, fictif ou réel. En une ou deux pages, elle décrit ses émotions, le fantasme qu’il lui suggère ou l’impression qui naît de leur rencontre. Chaque chapitre bref (Le pompiste, Le maître-nageur, Le fourreur, Le pâtissier, etc.) est annoncé par une citation puisée dans l’œuvre d’un écrivain insigne : Guy de Maupassant, Charles Baudelaire, Victor Hugo et beaucoup d’autres. Le ton reste poétique, un brin éthéré et tellement agréable après une journée dans les embouteillages. A l’instar d’un recueil de poèmes, il se parcourt sans réel besoin de lire chaque partie dans un ordre chronologique. On peut s’amuser à passer d’un morceau à l’autre pour la fraîcheur de l’écriture, pour la musicalité de l’assemblage des mots et pour la richesse des idées, mais aussi pour le plaisir de se faire plaisir en s’offrant une promenade à travers un texte diversifié et inspiré.

Daniel Bastié, Bruxelles News, n°1107, 31 décembre 2015

« On rêve d’un rêve » (Frédéric Beigbeder). D’une rare élégance, les 33 courtes nouvelles érotiques de Corinne Hoex rassemblées dans le recueil Valets de nuit paru aux Impressions nouvelles à Bruxelles confirment, une fois de plus, le talent époustouflant de l’une de nos plus brillantes auteures qui y manie l’allusion subtile dans une langue finement ciselée, tout en délicatesse de syntaxe et de vocabulaire.
Par le rêve, elle se fait nuage flirtant avec un aviateur, fontaine abreuvant un terrassier, statue sous les ciseaux d’un sculpteur, plat mitonné par un cuisinier, sable sous le râteau d’un plagiste, chatte persane et son toiletteur, mouche dans une pâtisserie, sainte entre les mains d’un aumônier, lettre dans le sac d’un facteur, forêt amoureuse d’un chasseur, belle endormie surprise par un voleur de clef des songes… Une joyeuse débauche de corps de métier !

Bernard Delcord, Lire est un plaisir, Homelit (partenaires de Radio Nostalgie), Satiricon.be, newsletter et site des Guides Delta, décembre 2015

Camera d’amore et chambre d’écho. Au piano, on connaît le jeu à quatre mains et, en littérature, l’écriture à deux. Corinne Hoex et François Emmanuel viennent d’inventer un genre nouveau : le « livre en écho-duo ».
François Emmanuel, dans son dernier ouvrage intitulé 33 chambres d’amour (et défini par les éditions du Seuil d’un seul mot en couverture, « Fictions »), avoue d’emblée sa dette : « Ces Chambres d’amour font écho aux Valets de nuit de Corinne Hoex qui m’a donné l’impulsion première et que je remercie chaleureusement. » Il salue ainsi les « 33 nuances de rêve » (mention du bandeau de couverture des Valets de nuit, ajouté par l’éditeur, Les Impressions Nouvelles) de sa consœur inspiratrice et initiatrice du « livre en écho-duo ». Qu’on se le dise !
Qu’on se le dise et qu’on les lise, ces deux livres, car ce sont deux réussites époustouflantes, deux cadeaux offerts par leurs auteurs à des lecteurs éblouis de tant de talent virevoltant, de grâce sensuelle. Une même architecture apparente : trente-trois récits brefs, chaque fois précédés d’une citation littéraire (ce qui procure en prime deux mini-anthologies autoportraits). « Une femme rêve. […] Chaque nuit, son imaginaire s’empare d’un homme différent », nous prévient Corinne Hoex ; « Un homme revisite en rêve quelques chambres d’amour », nous promet François Emmanuel. Un même fantasme décliné trente-trois fois…
Trente-trois rencontres galantes, entre la narratrice/le narrateur et un personnage différent mais toujours défini par son métier. Avec Corinne, on fait ainsi la connaissance d’un gardien de musée, d’un terrassier, d’un apiculteur, d’un sculpteur (ah, ce sculpteur, quel artiste !), révélant tous d’inattendues aptitudes ; en compagnie de François, on s’éprend d’une violoncelliste, d’une doctorante, d’une professeure de philosophie, d’une sacristine (mon Dieu, faites qu’elle existe et que je la rencontre un jour !). Quels personnages et quels auteurs ! Mais, bien sûr, chacun y va de sa propre touche, garde son encre et sa manière. Et on se plaît tout autant à admirer l’ample période emmanuélienne aux douces rondeurs féminines qu’à goûter la vivacité virile de certaines images révélées par l’eau-forte hoexienne.
Deux titres en « écho-duo » à déguster ensemble, à mélanger, peut-être, ad libitum ; deux merveilleux recueils de contes de fées pour grands enfants amoureux, soit deux fois trente-trois petits chefs-d’œuvre coquins qui font soixante-six occasions de se faire plaisir : le compte est bon.

Christian Libens, La Revue Générale, 3-2016

Raymond Queneau avait, dans ses Exercices de style, décliné 99 fois la même histoire. François Emmanuel est un peu dans cet esprit avec 33 chambres d’amour. Mais il s’agit davantage de variations sur un même thème. Et la source d’inspiration se trouve plus près de nous, chez Corinne Hoex et les 33 rêves érotiques de Valets de nuit, ouvrage auquel François Emmanuel fait référence. Il conserve le principe de base et renverse la perspective. L’écrivaine racontait les rêves d’une femme où intervenait chaque fois un homme caractérisé par sa profession : pompiste, maître-nageur, aviateur, abbé, boucher, instituteur, astrologue, etc. L’écrivain raconte les liaisons d’un homme avec des femmes de professions diverses : navigatrice, cardiologue, dompteuse, championne sur gazon, éthologiste, technicienne de surface, etc.

Pierre Maury, Le Soir, 9 et 10 avril 2016

À quelques mois d’intervalle, deux auteurs, Corinne Hoex et François Emmanuel, ont publié un recueil de 33 textes déclinant, l’une au masculin, l’autre au féminin, 33 variantes de la passion entre un homme et une femme. Autant de textes un rien coquins qui témoignent de la multiplicité des liens amoureux, de leur part de rêve et de la force des rituels qui les accompagnent. Et lorsque ces choses sont écrites avec l’élégance et la finesse de ces deux auteurs, l’exercice prend des allures de défi littéraire où les plumes se répondent tout en déclinant leur chant propre, pour le plaisir du lecteur.

Thierry Detienne, Imagine, n°115, mai-juin 2016

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Corinne Hoex lit trois textes de Valets de nuit

Le pompiste
Le dresseur d’otaries
Le chasseur

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