Eugénia n’a pas de tête et cela lui convient très bien.
Au moins, elle n’a pas la tête des autres, elle n’a pas l’air de famille.
Eugénia est libre et sa tête, la tête qu’elle n’a pas, roule sa bosse où elle veut.
Avec ce livre étrange, impertinent à souhait, Corinne Hoex nous entraîne dans un monde de fantasmes, un univers insolite et extravagant.


Eugénia, le dîner est à dix-neuf heures trente le dimanche ! s’indigne tante Léontine en s’essuyant du coin de la serviette les commissures des lèvres.
– Dix-neuf heures trente précises! insiste Mère. Est-il nécessaire, Eugénia, de vous le rappeler ?
– Auriez-vous l’obligeance, Eugénia, de vous présenter à l’heure aux repas ? menace Père. Votre potage est froid !
– Eugénia, vous n’avez pas de tête ! décide tante Léontine.


MOT DE L’ÉDITEUR
Jusqu’ici, on connaissait surtout Corinne Hoex par ses romans graves et réalistes comme Le Grand Menu (qui lui a valu d’être reçue par Bernard Pivot dans Bouillon de Culture), Ma robe n’est pas froissée, Décidément je t’assassine ou Le Ravissement des femmes (en 2012, chez Grasset). La voici dans un tout autre registre, maniant l’humour noir, le nonsense et la dérision avec énormément de brio. Un registre (surréaliste ?) que très peu d’écrivaines pratiquent aujourd’hui.
Jean-Baptiste Baronian

L’Âge d’Homme, 2014
90 pages / 21×14 / ISBN978-2-8251-4378-0
Couverture : Odilon Redon, L’Œuf, 1885

LECTEURS ET LECTRICES

J’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé. Vous tenez la ligne de bout en bout, c’est drôle, sérieux, grave, léger, bien documenté. Votre fantaisie m’a enchanté.
Gabriel Ringlet, 1er mai 2014

Bien dans la tradition du pays surréel !  Sensible, drôle, pathétique, impertinent (très). Tout ce que j’aime. Tu as dû faire marrer le vieux Scut qui adorait les recettes de cuisine assassines !
Michel Joiret, 16 mars 2014

J’ai pensé en te lisant à Henri Michaux. Au « fil belge » qui court dans ta trame. Il y a quelque chose d’allègre, de gai, de libéré. Une érudition percutante et légère. Une histoire familiale en filigrane, avec ses moments comiques. Mais aussi une grande mélancolie. Qui prend soin de cette tête perdue ? (qui prend soin de nous ?)
Caroline Lamarche, 21 février 2014

En charcutière experte et inventive, l’auteur nous a concocté un pâté de tête aussi savoureux qu’ingénieux. Est-ce une sotie ? Si l’on veut, mais d’un rare raffinement et d’une inventivité qui donne le tournis. Quelque part entre du Bouchet et l’almanach Vermot, elle se délimite un territoire qui lui appartient en propre. On lui connaissait de l’humour, un sens de l’insolite, une cruauté raffinée, mais en ordre dispersé. Voici que le tout se rassemble dans un texte qui ne ressemble à nul autre, mais qui est au plus aigu de son talent.
Jacques De Decker, juin 2013

Vous étiez sans doute la seule à pouvoir en parler de la sorte. À nous faire sourire et frémir à la fois. À vous permettre de continuer à dire quelque chose que vous disiez dans vos premiers romans, mais à le dire autrement, puisque le poème et la prose ici se touchent.
Marc Quaghebeur, 18 juillet 2014

Décollations est une œuvre virtuose, qui mêle humour noir, ivresse langagière et autodérision. Je t’y retrouve tout entière, y compris dans ce curieux découpage (sans jeux de mots) en petits textes faussement innocents […] On est entre la courte nouvelle et le poème en prose et j’aime bien ce mélange des genres, qui égare et en même temps relie.
Jean-Luc Wauthier, 14 janvier 2015

Quelle verve, quelle drôlerie et, derrière, de la poésie, et une touche de ce que j’appellerais « de l’amertume féroce » qui fouette et fait rire à la fois.
Monique Lambert, 17 mars 2014

J’ai lu tes éblouissantes variations acéphales. J’en suis tout décervelé. Je te baise les mains : les joues, c’est devenu impossible.
Lucien Noullez, 23 mars 2014

C’est drôle, impertinent. Fais-nous rire encore, nous en avons tant besoin.
Jean-Luc Outers, 27 mars 2014


Extraits de presse


Dans son dernier opus, qu’elle aurait pu intituler Caput, Corinne Hoex, clairement victime d’une crise de céphalophobie aiguë, nous invite à perdre la tête. Décollations apparaît en effet comme une sorte de dérive insolite où l’auteur s’amuse au rythme de variations loufoques et pleines d’une juvénile fantaisie à jouer avec l’idée de décapitation. Macabre ? Nullement, tant Corinne Hoex, en virtuose de la langue (qu’elle n’a pas dans sa poche), excelle dans l’art de l’improvisation, à l’instar de ces stars du jazz – car c’est au jazz que fait songer Décollations : une jam session. Tout part de l’idée d’une femme acéphale, qui n’a donc plus – si elle l’a jamais eue – la tête sur les épaules. Oubliés, par conséquent, les migraines, les dentistes et les coiffeurs. Plus rien ne lui reste en travers de la gorge à cette tête de linotte. Ni portugaises ensablées, ni chaudes larmes. Et quels prestigieux précédents : le philosophe Boèce, S.A.R. Marie-Antoinette, la citoyenne Charlotte Corday, et tant de saints. Tour à tour coquine (privée de tête-bêche), érudite (elle en a du plomb dans la cervelle !), Corinne Hoex désarçonne avec maestria, manie l’implicite et le jeu de mots, usant d’une  riche palette de vocabulaire et d’allusions, non sans crâner, pour le plus grand plaisir du lecteur, qui opine du chef.

Christopher Gérard, Archaïon, 29 avril 2014 et Les Nobles Voyageurs, La Nouvelle Librairie, 2023

Seize livres publiés en cinq ans (2008-2013) dans des genres différents (romans, poèmes, ouvrages bibliophiliques) : Corinne Hoex est sans doute notre auteur belge le plus prolifique et créatif.
L’auteur a son univers : la noire et étrange famille déjà décrite par ailleurs, ici convoquée autant que la langue, puisqu’il s’agit au fond de tresser lexique, cousinage et fratrie […] Sur la trame de la « tête » à friser, à couper, à découper… l’auteur s’en donne à cœur joie pour dérouler presque toutes les expressions françaises relatives au « chef », au sens étymologique […] et les « Décollations » du titre visent autant Salomé que les pauvres hères d’une famille déjetée, aux prénoms improbables et surannés : Madame Armance, modiste ; Eugénia, la narratrice, Cousine Edwige, Cousin Désiré, Alphonsine, Léontine…
En matière de récit familial, déjanté et assuré par un style qui puisse relayer folie, étrangeté, le livre 18e de Corinne peut être comparé à ces ovnis de la littérature belge que sont Plume de Michaux, Marin mon cœur de Savitzkaya , Trou commun de Besschops, Le laitier de Noël de Counard (dommage que ces deux derniers soient si discrets !).
L’humour — noir, forcément —, l’insolite, les dialogues impayables (— Je vais lui tordre le cou ! hurle Mère / Coupez-lui la tête ! ça lui fera les pieds !) font de cette œuvre un jalon essentiel de notre littérature.

Philippe Leuckx, Texture, mars 2014

Mine de rien, en un peu plus d’une décennie, Corinne Hoex s’est imposée comme une valeur sûre des lettres belges francophones. En quatre romans, aussi noirs que toniques et cruels, elle a construit un style et une parole qui font mouche et nous touchent au plus profond de nos traumas. Et nous font rire, souvent. La famille est au centre de son travail et singulièrement la figure de la mère. Impitoyable figure maternelle, cause de tant de nos tourments. Des titres en forme de programme : Le Grand Menu, Ma robe n’est pas froissée, Décidément je t’assassine, Le Ravissement des femmes, et il ne faudrait pas oublier la poésie : Cendres, La nuit, la mer, Celles d’avant…
Car, oui, Corinne Hoex est poète. Et le mélange des genres donne, chez elle, de la nitroglycérine. C’est le cas de ce petit livre, qui paraît aux éditions de L’Âge d’homme, dans la collection La petite Belgique, Décollations, ça s’appelle. L’histoire d’Eugénia qui a, littéralement, perdu sa tête. Et ça a l’air de lui convenir très bien ! Mais que mange-t-on quand on est décapité, comment séduire ou même embrasser quand on n’a rien au-dessus des épaules, que pense-t-on, que dit-on ? Au moins, on ne ressemble à personne. L’auteure à la crinière orange nous entraîne dans un monde extravagant, absurde, où la fantaisie côtoie, pourtant, les questionnements les plus sensés. « Eugénia est libre et sa tête, la tête qu’elle n’a pas, roule sa bosse où elle veut », après tout, voilà, peut-être, ce qu’il peut nous arriver de mieux. Perdre la tête.

Laurent Dehossay, Le Soir, 8 et 9 mars 2014

De tête, Eugénia n’en a point, voilà presque l’histoire d’une vertigineuse absence. Alors, sans faire mal au crâne, Corinne Hoex entame un défilé fantasque et plutôt rigolo de toutes les situations dans lesquelles une tête manquante peut nous faire travailler du chapeau. Voilà bien le casse-tête : comment qualifier cet inclassable petit bouquin par lequel l’auteur du Ravissement des femmes décapite comme au coupe-cigare les conventions les mieux établies, bille en tête ? On se croirait dans la scène culte des Tontons Flingueurs : ça a un goût de littérature… Y en a, de la jolie. J’y trouve un goût de poésie… Y en a aussi. Un court extrait, tenez : « Parfois la langue me manque. Bien pendue. Déliée. Rose à souhait. À tout hasard, je vérifie. Hélas ! Je ne l’ai pas en poche ! Pas même moyen de l’offrir au chat ! » Corinne Hoex provoque l’envie d’entrer dans le jeu et de jouer à sa suite à faire chanter les mots qu’elle esquisse, à en perdre la boule. Verdict sur la cuvée : manque peut-être un peu de corps mais se rattrape sur la fantaisie. Gouleyant. Et pas trop capiteux.

Stève Polus, Wolvendael Magazine p.108, novembre 2014

On pourrait contester la qualité de « poèmes » aux textes que Corinne Hoex rassemble dans ce petit livre élégant et drolatique. Ils sont quelquefois écrits en vers cependant et certains d’entre eux possèdent la limpidité lapidaire des aphorismes. Mais on trouve également dans ce recueil des petits récits féroces, des micros nouvelles, des souvenirs aigus, et certains frisent la recette de cuisine, avec, mine de rien, tout juste assez d’épices verbales pour tourner en poison les délices annoncés. 
Perec écrivit bien tout un roman en se privant d’une voyelle indispensable : La disparition est en somme une sorte de tour de force poétique et technique, celui de se passer du « e ». En voudrait-on à Corinne Hoex de se priver, elle, de la tête, du visage, du cerveau ? 
Décollations est en effet construit sur tout ce qui, dans la langue et ses expressions, ferait « perdre la tête ». Mais, loin de l’exercice un peu arbitraire de l’oulipien Perec, le travail poétique de Corinne Hoex, en examinant le langage, donne également des frissons et procure la légère électrocution, ce choc délicieux et inquiétant où se reconnait le poème.
« Il faut être surpris pour devenir vrai », écrivait Michel de Certeau. Une vérité attend les lecteurs de Décollations. Certes, ce livre allègre va les divertir (et pourquoi pas ?), les éblouir (qui s’en plaindrait ?) et les entraîner dans une virtuosité devenue rare. Certes, le jeu sur la langue est ici même jubilatoire. Il n’en est pas vain pour autant. Car le grand thème qui anime l’œuvre entière de Corinne Hoex, celui de l’enfance massacrée, trouve en ce nouveau livre bien plus qu’une occasion de ressassement : une échappée cruelle. Ce monde de langue et de couteaux vous fait tourner la tête, et vous laisse, en définitive étourdi, décervelé, mais plus sensible.

Lucien Noullez, Recours au Poème, mars 2014

Sans tête, on peut tout se permettre. Tout imaginer aussi. Y compris faire de la haute voltige dans les jeux de mots et les maximes populaires. Encore que cette gymnastique-là exige une dose respectable d’esprit et d’érudition. Corinne Hoex en a. Et il faut bien qu’on lui attribue un peu de tête quelque part pour convenir de son esprit. Vagabondant à la suite de sa fantasque Eugénia hors de la sphère familiale, elle saisit diverses opportunités d’installer la tête au centre du discours. De considérations animalières en apprêts culinaires, de coquetteries appropriées en complicités historiques avec ces autres têtes coupées – on appelle cela des décollations – que furent une Charlotte Corday ou un saint Jean-Baptiste, d’aventures en mésaventures et, parfois, nostalgies et questionnements, elle se livre à une fantaisie qui n’a pas de genre défini mais où l’écriture se fait corde raide pour une main assurée.
C’est insolite, espiègle, loufoque. Vaguement déconcerté, on est ébloui par la performance, si extravagante soit-elle. On n’a pas le temps de s’ennuyer. C’est court, très court, enlevé à un rythme enjoué. Et quand on referme le livre, on rejoint le sourire d’Eugénia qui s’éclipse sur une pirouette : Peut-être s’est-elle payé notre tête. En ce qui concerne Corinne Hoex, pas vraiment.

Monique Verdussen, La Libre Belgique, 5 mai 2014

Avec Décollations – au pluriel – Corinne Hoex ne fait pas dans la dentelle ! « Décollation » signifie en effet « décapitation », et le livre nous plonge dans une atmosphère de délicieuse cruauté adolescente, hors de tout cliché sur la douceur des femmes. On y devine l’histoire d’une jeune fille qui refuse de se prendre la tête face à des adultes qui tentent de lui bourrer le crâne. Et si réellement, comme ils le lui disent, elle n’avait pas de tête ? Forte de cette hypothèse, Corinne Hoex nous entraîne dans un univers de fantasmes. En magicienne des mots, elle joue avec les variations autour du mot « tête », dans un texte à la fois drôle et savant, truffé de calembours. Mais, au-delà de ce brillant exercice de style, elle nous pose, en filigrane, une question existentielle : notre tête peut-elle vivre sans notre corps et vice-versa ?

Evelyne Guzy, BXFM, 5 mai 2014

C’est d’abord un joyeux exercice de style tournant autour du vocable « tête », de son champ lexical, de ses expressions, de ses signifiés potentiels au propre comme au figuré. Le tout ayant pour pivot central un de ses thèmes récurrents, celui de la fille mal aimée par une mère envahissante voire castratrice, épaulée par un mari passivement à sa suite.
Ce pourrait être un autoportrait, un de ceux peints par les surréalistes pratiquant à la fois la figuration réaliste et les associations absurdes. C’est celui d’Eugénia (la bien née), prénom ironiquement significatif pour une enfant persécutée. À travers l’exploration de la vie de cette personne atteinte d’acéphalie, membre d’une famille où sa maladie semble peu à peu devenir contagieuse, il y a en effet pas mal d’ironie. À commencer par ce proverbe appliqué au quotidien : « Il y a loin de la coupe aux lèvres. Pour moi, quelle vérité ! ».
Teinté d’autodérision, l’humour est noir, on s’en serait douté. Il baguenaude aussi du côté de la parodie, de la pataphysique chère à Jarry et à Vian, des jeux de mots évidemment puisque c’est le point de départ de cette écriture, du comique de situation. Il s’agrémente d’anecdotes empruntées à l’histoire, aux martyrs béatifiés… Il s’étale dans un inventaire des avantages et des inconvénients à n’avoir ni crâne, ni visage, ni chevelure, ni oreilles. C’est drôle, un bon moment à passer — oserait-on l’affirmer ? — en tête-à-tête avec Corinne.

Michel Voiturier, Reflets Wallonie-Bruxelles, n°40, avril-mai-juin 2014

Corinne Hoex s’est abandonnée à la fantaisie la plus totale dans ces Décollations hilarantes : poème, pochade, exercice de style et de haute voltige. Invention à multiples voix, de toute évidence, cet opus atypique exhibe une maîtrise réjouissante de la langue et des jeux lexico-sémantiques […] Corinne a le don des listes et grâce à une documentation étonnante peut nous énumérer tous les couvre-chefs que sans tête on ne portera pas, tous les plats auxquels on ne goûtera plus et les privations de tous ordres. Mais aussi comptabiliser les avantages de ce nouvel état, ce que l’on gagne finalement en perdant la tête, du temps, par exemple, pour vivre. Pour mieux vivre, car l’esprit demeure, lui qui est chevillé au corps, selon elle. C’est donc à une jouissance de tous les sens qu’elle nous invite dans cette suite virtuose de têtes manquantes en paroles gourmandes.  

Jeannine Paque, Le Carnet et les Instants, avril-mai 2013

On connaît Corinne Hoex, la romancière et poétesse à l’écriture diamantaire, ciselée et brillante. Elle nous propose ici, paru tout récemment aux éditions L’Âge d’Homme, un ouvrage impossible à définir (cela n’a d’ailleurs aucune importance), ni roman ni récit ni poésie, nommons-le une prose fantaisiste où, en tout cas, l’écriture de haute tenue se fait virtuose […]
Sur cette thématique de « perdre la tête », Corinne Hoex décline une variation du vertige en quatre-vingts textes plus ou moins longs – souvent courts, toujours étincelants. Eugenia en est la protagoniste à laquelle ses parents ont toujours reproché de n’avoir pas la tête sur les épaules. Si la difficile relation à ses parents fait écho aux romans de l’auteure, ce n’est ici que prétexte aux réflexions et états d’âme de l’enfant actant cette réalité prophétisée d’un vouvoiement impitoyable : Eugénia, vous n’avez pas de tête ! Au demeurant, Père et Mère étant, eux, des têtes, sans doute ne peut-on exister qu’en la perdant soi-même. Et de s’amuser à prendre l’affaire au pied de la lettre et à envisager les occurrences multiples et diverses de l’expression.
Un délire à la langue bien pendue et fantaisiste qui dénombre autant les couvre-chef devenus inutiles que les mets et autres collations que l’on n’avalera plus (cette tête pressée spongieuse par exemple), ou les avantages de voir oubliés torticolis ou céphalées. Une litanie qui convoque la liste longue des saints décapités et témoins de l’échafaud en une noria sublime qui ne manque pas d’aboutir à cette métaphysique question : reste-t-il une vie après ce cou coupé apollinairien ? Réponse personnelle : la langue toujours et son verbe gourmand.

Eric Brucher, Antipode, 11 et 13 avril 2014

Corinne Hoex, vraie révélation poétique des dernières années, tranche, elle aussi, sur la production poétique courante. Décollations (L’Âge d’homme) est un nouvel « Exercice de style » à sa façon. L’ironie, la cruauté, la dérision, les jeux oulipiens sur la langue, les inventives références romanesques (la bien née si mal torchée Eugénia), le regard braqué sur ce que le réel du langage peut receler de vie et de vitalité expertes, tout ici gagne en profondeur et aisance. Grands dieux de la prose poétique : tout tourne autour des têtes « à couper », à coupler, à jouer, à démonter, à décoller. De la comptine dérisoire en apparence au tableautin familial aigu, tout y passe : la tête et le corps, le cœur, l’aiguille qui traverse, perce. Où va-t-elle pêcher tout cela ?
Plus pérecienne tu meurs ! Soutenir tout un livre sans qu’il ne verse la tête, chapeau !

Philippe Leuckx, Le Journal des Poètes, 1-2 2014

Audio

Entretien avec Marie-Ève Stévenne, RCF (Radio Chrétienne Francophone), 20 mars 14 


Vidéo

Eric Russon et Soraya Amrani, Cinquante degrés nord, Arte Belgique, 28 mars 2014

Thierry Bellefroid et Laurent Dehossay, Livrés à domicile, RTBF TV, 31 mars 2014