Texte de Corinne Hoex
Dessins de Bernard Villers

La mort d’un homme aimé. Sa douloureuse absence.
L’au-delà de la mort.
L’au-delà de l’amour.
Un texte d’une extrême retenue, auquel le graphisme dépouillé de Bernard Villers offre un silencieux contrepoint.



On disait la vie.
Et ce n’était
que remuer le corps.





MOT DE L’ÉDITRICE
Corinne Hoex, par touches successives, parle de l’amour qui se perpétue quand le corps n’est plus. Cet au-delà de l’amour fait son deuil, se révolte, ne cache ni sa tristesse, ni sa souffrance, ni son espoir. Une écriture au scalpel sert ce texte remarquable qui, avec retenue, se confronte à la mort.
Bernard Villers, par sa capacité à mettre en image des idées, révèle l’architecture du texte, son rythme, sa force. Une interprétation graphique qui invite à une double lecture du texte.

Esperluète, 2002
56 pages / 11×19 / ISBN978-2-930223-32-2

LECTEURS ET LECTRICES

Merci pour Cendres, ce petit livre important qui tient dans la paume de la main, non loin du cœur […] Ton livre m’accompagne, sa violence, sa grande pudeur.
Gaspard Hons, 20 avril 2004

J’ai adoré l’intensité autant que la retenue de l’émotion, sa violence autant que son silence et sa pudeur […] C’est un livre très fort et dont on ne sort pas sans être profondément bouleversé.
Véronique Daine, 24 mars 2010

Cendres, d’une sombre beauté, avec des vers magnifiques comme Ton absence / blesse / les choses sur la terre…
Annie Ernaux, 5 janvier 2009

Te dire combien j’ai apprécié Cendres. Ce n’est pas rien cette rencontre-là, parce que tu parviens à me réconcilier avec la poésie.
Antoine Wauters, 11 juin 2009

Ouvrage épuré, décharné, squelettique […] Rassembler les forces de vie, lutter contre la mort qui nous envahit quand un être aimé franchit le seuil du pays des ombres, parce qu’en mourant, il n’est pas seul à disparaître, ce qu’il regardait, ce qu’il voyait meurt avec lui, une part des vivants s’éteint aussi.
Katty Castiau, 8 mars 2002

Corinne Hoex […] dans un magnifique recueil sobrement intitulé Cendres choisit l’extrême dépouillement du poème à l’heure du dévêtement suprême.
Gabriel Ringlet, Vous me coucherez nu sur la terre nue, Albin Michel, 2015

Cendres que j’ai beaucoup aimé avec son côté parfois âpre, parfois mélancolique — avec cette volonté surtout non pas d’en finir mais de recommencer.
Jean-François Grégoire, 7 avril 2002





Traduction bulgare par Krassimir Kavaldjiev, Biblioskop, 2012



Traduction ukrainienne par Ivan Riabchyi, Slovo Prosvity, n°17, juin 2010


Quelques mois après nous avoir offert Le Grand Menu, qui fit sensation, Corinne Hoex nous revient avec une poignée de poèmes intitulée Cendres. C’est d’une légèreté et d’une gravité confondantes. Cela s’ouvre au cours d’un hiver où chaque flocon de neige aurait de l’importance. Ne laissant qu’avec le temps la cendre retomber. Celle d’un être aimé. On ne saura jamais qui. Un compagnon, un frère ? Cela pourrait être un père. On ne sait. Quelle importance ?

Pierre Mertens, Le Soir, 13 mars 2002


Bien sûr, nous le savions déjà après Le Grand Menu, Corinne Hoex est un grand écrivain, l’un de nos meilleurs écrivains. Dans ses poèmes que voici, se révèle une remarquable économie de moyens : des mots rares — non pas dans le sens de « recherchés », mais de « peu nombreux », soigneusement pesés, soigneusement choisis. Et chacun porte son poids de matérialité, son poids d’humain, et les deux, insensiblement, insidieusement, se mêlent et se confondent. Là où d’autres ont besoin de dix pages ou de cinq recueils, Corinne Hoex réunit en quelques vers, comme au creux de deux mains tendues, la neige, la pluie, la lune, l’amour, la mort, l’absence… Et ce qui vient d’être dit aussitôt s’efface, sous les dessins de Bernard Villers. Ainsi en va-t-il de notre passage, et de ses traces.
Le murmure / de la neige / qui tombe sur la neige / et éclôt en fondant […] Un jour / je me retourne / et il n’y a personne. / Quelqu’un s’est éloigné / qui marchait / près de moi.
Des cristaux de la poésie la plus pure, sans recherche, sans afféterie : les mots dans toute leur nudité, notre destin d’hommes en sa simplicité première.

Joseph Bodson, Reflets-Wallonie Bruxelles, n°398, septembre 2002

Pudeur. Tel est le premier mot qui vient pour qualifier ces textes dont le sujet est grave : la mort de quelqu’un de proche, que l’on aimait, que l’on ne reverra plus.
Des vers courts — de huit syllabes au plus —, des poèmes brefs — le plus long compte neuf vers — que caractérise une extrême retenue. Pas de cris, pas de larmes. Des textes comme suspendus dans le silence et la blancheur. Celle de la neige, légère, éphémère comme la vie, la neige qui éclôt en fondant. Légères aussi, restes de celui qu’on a brûlé, les cendres qui à chaque bourrasque / meurent un peu plus loin. Poèmes du silence, de l’absence : Je goûte / la soif d’attendre / celui qui ne peut pas venir.           
Tels des socles, les dessins de Bernard Villers soutiennent les pages de poèmes : un ensemble de traits épais, d’un bleu violacé, dont la longueur et le nombre correspondent au texte. Une même démarche dépouillée, l’harmonie dans la sobriété.

Claire Anne Magnès, La Revue Générale, n°3, mai-juin 2002

Des poèmes qui, comme avec précaution, comme en un souffle, un halètement, disent en des mots légers comme des flocons de neige, comme une poignée de cendres, l’étrange et infinie douleur de la mort et de l’absence. […] De courtes barres bleues, du même nombre et de la même longueur que les mots alignés, ondulent sous chaque poème. Un graphisme aussi dépouillé que les mots qu’ils soulignent et qui semble comme le contrepoint feutré de la voix désormais absente.

France Bastia, Nos Lettres, mars 2002

Un mince recueil où loge la mort nue. Décantée (sans jeu de mots) jusqu’à l’os […] Cinquante-deux pages de quelques lignes qui sont paroles lentes, taillées au canif, qui disent l’avant, l’après, la neige comme un trou noir, ce qui se voit et s’arrête. On disait / la vie. / Et ce n’était / que remuer le corps.
L’art de la souvenance est pour Corinne Hoex le chemin qui va de l’être à l’être. Donnant racine à la poésie. Et sève à l’image.

Luc NorinLa Libre, 2 juin 2009

Cendres réunit quelques poèmes de Corinne Hoex, découverte l’an dernier avec Le Grand Menu. Poèmes de douleur, purs et tranchants comme une lame, brûlants et glacés comme le bel hiver ardent et immobile où, tandis que tombait sans bruit la neige, un être aimé est mort. Sans s’absenter vraiment. Présent, dans l’ombre. Indiciblement.      

Francine Ghysen, Le Carnet et les Instants, 15 mai au 15 septembre 2002

Après son roman Le Grand Menu, Corinne Hoex nous présente Cendres, une suite de poèmes aussi brefs qu’incisifs, courtes annotations mais combien éloquentes, centrées autour d’une absence : Un jour / je me retourne / et il n’y a personne. / Quelqu’un s’est éloigné / qui marchait / près de moi. Ce dernier poème du recueil clôt le deuil. Corinne Hoex se garde des grands sentiments et autres états d’âme à arrière-goût de romantisme. L’émotion est considérée comme une intruse aux manières de sous-officier et n’apparaît qu’au travers d’une imagerie toute objective qui présente la sécheresse d’un constat. Et toi / dans ton corps inutile / redevenu / un tout petit enfant. La neige, l’eau, le feu, le vent qui disperse les cendres, voilà les éléments constitutifs de ces courtes notices. Le vent est glacé, précis comme une lame — et c’est toute la définition du style de ce poète de l’extrême économie des moyens.
C’est Gaston Bachelard qui parlait de la noirceur secrète du lait et Saint-John Perse qui soulignait que l’éclair couve sous la neige. Il neige comme on plonge dans le noir, affirme Corinne Hoex.

Ça Ira, n°12, 4ème trimestre 2002

Cendres, longue suite de courts poèmes sur le mode haïku composés par Corinne Hoex ; histoire d’une mort, d’un deuil et d’un éloignement, tout évoque, en filigrane, une perte infinie, un apprentissage du renoncement alors qu’un sentiment de plénitude envahit les quelques vers. Le poème est accompagné par les lignes épaisses et déterminées de Bernard Villers, des droites qui suivent sans relâche le rythme des lignes des poèmes, composant un miroir où ne se reflètent pas les mots mais seulement les sensations et la trace de ces mots. La limpidité de ces lignes épurées, pudiques, se trouve dans quelques beaux vers poignants : Te voilà / délivré / de ta besogne de chair. / Cette rage du plaisir / où parfois l’amour traîne. Un ouvrage émouvant et graphiquement étonnant.

Blandine Longre, Sitartmag.com, août 2002

Cendres, cosigné Corinne Hoex (auteure du remarqué Grand Menu) et Bernard Villers, peintre, sérigraphe, éditeur. On retrouve la poétique écriture de Corinne Hoex dans sa forme la plus nue. Sur chaque page, quelques lignes qui trouvent leur écho, presque simultané, dans les traces de Bernard Villers. Mot et graphisme se soutiennent, se répondent en une musique du verbe et de l’œil.

Ella, Marie Claire, mai 2002

Travail de deuil, ces cendres que nous offre Corinne Hoex dans cette suite de courts poèmes qui s’égrènent comme un chapelet surgi d’un linceul de neige.

Monique Dorsel, Le Mensuel Littéraire et Poétique, juin 2002

Avec une acuité suggestive qui était déjà celle de son roman, Le Grand Menu, Corinne Hoex exprime très délicatement, presque toujours par bribes impressionnistes qui se complètent, un monde intériorisé où le silence a toute sa place, où le mystère n’a pas quitté êtres et choses.

Marcel Hennart, Remue-Méninges, n°26, été 2002

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