Jadis vivait ici nous invite dans un univers médiéval envoûtant, sépulcral et lumineux, un royaume improbable, chimérique, plein de vitalité et de véhémence, avec preux chevaliers, dames dans leur tour et ronces indomptables.

Nous y sommes transportés sur les terres de Lancelot, de Guenièvre, d’Hildegarde de Bingen, à la fois blessés et guéris par les plantes merveilleuses dont les noms enivrent, les herbes du miracle, les simples aux vertus puissantes. Blessés aussi par les cruautés et les fureurs du fanatisme, pénitences, expiations, supplices. Blessés surtout par les ambitions des hommes, leur soif de conquête, leurs fantasmes magnifiques et dérisoires.

Texte baroque pénétré de la fascination qu’exerce sur nous le Moyen Âge, ce Moyen Âge fervent et sanguinaire, si proche de notre époque et de sa perpétuelle barbarie.

Tu jures en avoir pris à peine gros comme une noix, de la confiture verte.
Une ronce te retiendra par le pied.
Une ronce épineuse.
Et où le serpent dort.



L’Âge d’Homme, 2015
91 pages / ISBN978-2-8251-4495-4
Couverture : Le diable retournant dans son enfer, gravure sur bois

LECTEURS ET LECTRICE

Un imaginaire poétique gonflé de force et de mystère. Une invitation au pays des ogres et des potences, mais aussi au paradis des violettes de Marie et du doigt de la Vierge.
Pierre-Jean Foulon, 19 mars 2015

Merci pour tes philtres en forme de poèmes. C’est sauvage, énergique, altier. On te sent bien là, à toutes les pages. Fustigeante, élégante, tenant ensemble, solidement, et avec allégresse, l’attelage du charnel et du spirituel.  
Caroline Lamarche, 15 mars 2015

Votre livre restera longtemps ouvert, car les pistes sont multiples et riches en surprises.Gente Dame, restez gardienne de votre tour : l’humble lecteur que je suis ne verra jamais sa curiosité satisfaite, laquelle aimerait connaître le cheminement qui va du mythe personnel à l’écrin poétique.
Christian Thys, 2 avril 2015

Dans Jadis vivait ici, je me nourris de quelque chose d’extrêmement savoureux. Ta façon de mettre les mots à la bouche et de les faire mâcher me plaît énormément.
Paul Emond, 17 août 2015

L’amoureux de Villon et de Brassens que je suis aime ta promenade médiévale. En remontant le temps, tu plantes tes poèmes, qui sont souvent des épées, au cœur du nôtre.
Lucien Noullez, 7 avril 2015

Extraits de presse

Les poèmes de ferveur et de sang de Corinne Hoex
Avec ses cheveux rouges, Corinne Hoex aurait été une sorcière au Moyen Age. Fausse carline et chardon aux ânes, centaurée chausse-trape et bractée épineuse ? Sans secret pour elle. Les chevaliers aux écus d’azur et aux heaumes étincelants seraient venus lui demander de bénir leur équipage de ses salamalecs profanes pour enfin conquérir le Graal. Malgré ses décoctions de pipistrelle et ses philtres de poivrette d’or, elle aurait péri dans les hautes flammes du bûcher en clamant son innocence…
Heureusement, nous ne sommes plus dans ces temps jadis. Et Corinne Hoex peut arborer sa chevelure avec félicité. Le Moyen Age, aujourd’hui, elle s’en inspire pour écrire des poèmes de ferveur et de sang, de nature et de rêve, de supplices et d’orgueil, de violence et de beauté. Et pour relier les mots choisis qu’elle utilise à notre époque à nous, dont la barbarie, différente, n’est pas nécessairement moindre.

Jean-Claude VantroyenLe Soir, 18 avril 2015


Dans la belle collection « La Petite Belgique », la poète Corinne Hoex nous donne un recueil dont chaque poème n’est pas sans inspirer au lecteur la peinture d’un Bosch ou d’un Breughel. S’il est cinéphile, le lecteur se souviendra des scènes les plus spectaculaires du film Le Nom de la Rose, s’il est mélomane, des langueurs tristes de violes et chants a capella accompagneront sa rêverie. Jadis vivait ici est aussi une exploration jubilatoire dans la forêt sombre des lexiques anciens et oubliés qui sont autant lumière et musique…

Edmond Morrel, Espace Livres, le 3 décembre 2015


Dans Décollations, son avant-dernier opus, Corinne Hoex nous invitait à perdre la tête au rythme de variations loufoques et pleines d’une fantaisie qui me faisait songer àune jam session. Aujourd’hui, en maniant davantage l’implicite et en usant d’une palette de vocabulaire plus riche encore, cette poète de haut parage nous jette un sort par le truchement d’une entêtante incantation qu’elle a intitulée Jadis vivait ici. Relents d’un Moyen Âge baroque et farceur, cruel et païen. Mélopée psalmodiée par une sorcière aux cheveux de feu et à la bouche d’or : « Ça reviendra, le silence sous la pierre. Ça reviendra sous la mémoire, le silence. Chardon bleu des sables. Épine de Judas. Chardon-bénit. Chardon-Marie. Ça reviendra, l’homme en son manteau rouge. L’écharde sous l’ongle. La herse abattue. Ça reviendra, la ronce, le robinier et le prunier sauvage. » Comment ne pas songer à un grimoire aux grimaçantes figures, à l’un de ces livres maudits ? « Pipistrelles. Roussettes. Battements d’ailes dans tes cheveux. Nuit mauvaise aux oreilles pointues. »  Totentanz baroque, Charme vénéneux, philtre où se mêlent la barbe de chanoine, le myrte sauvage, le doigt de bergère et la poivrette d’or… Entre Bosch et Rabelais, car jamais la farce n’est loin, l’un de ces livres qui ne ressemblent à rien – un talisman

Christopher Gérard, Salon littéraire, 28 mars 2015


Jadis vivait ici évoque, sous la plume limpide et acérée de Corinne Hoex, les contrées d’un Moyen Âge fantasmé, sombre et lumineux, fervent et violent, mêlant la livrée d’or de la courtoisie aux transports magnifiques d’une quête du Graal, mêlant les échardes d’immortalité à la volupté de saigner dans les supplices.
Ah, les échardes comme les épines, Corinne Hoex les aime, elle que fascinent les pointes, les piques ou les becs, les épées et les dards, les ronces ou les chardons. Tu ne vaincras pas les épines, écrit-elle. Car tout peut être vaincu sans doute, même la douleur, même les blessures que guériront les onguents magiques ou le miracle des simples ; tout sauf les épines, et la mort qui laisse les os des saints hommes innocentés par les lombrics. Or mais, en ce Moyen Âge envoûtant, il y a aussi les philtres et les poisons, les cryptes et les monastères, les ascètes et les pèlerins marchant sous la grêle, les saintes horreurs, les bûchers et le combat des preux chevaliers, les chasses aussi, les royautés et les prières, les sévices délicieux ou l’eau bénite et les dévotions.
Un univers médiéval magnifié par une langue superbe, dégraissée à l’extrême, décapée jusqu’à l’essentiel, ses chairs vives, ses tendons, sa moelle — celle des mots mis en exergue, étonnants et précieux, qui toujours ravissent. Jadis vivait ici de Corinne Hoex a quelque chose de l’écrin qui, tel celui de l’entomologiste, épingle le papillon magnifique d’une relique adorée.

Eric Brucher, Antipode, 12 avril 2015

Étrange livre, que celui-ci, et fort différent des recueils de poèmes auxquels Corinne Hoex nous avait habitués, même si, sans défaut, on y reconnaît sa griffe. Tout pétri de légendes, de folklore, qui ne vont pas sans une certaine cruauté, une certaine frayeur. N’oublions pas que Corinne Hoex avait fait un mémoire sur les arbres à clous. Ces arbres où l’on accrochait des linges, des ex-voto, à des clous, pour obtenir la guérison. Ils sont vieux comme le monde, et il en reste encore.
Serait-elle devenue plus explicite ? Elle s’aventure au jardin des mauvaises herbes, en un Moyen-Âge encore tout hérissé de herses et de mâchicoulis. Elle traite sans trop de respect les vieux os des saints de ce temps, jonglant avec les reliques impitoyablement recyclées. Tout un saint-frusquin d’attirail de pèlerin – même peut-être la foi (p. 21).
Toute cette dévotion est parfaite, mais elle reste à l’imparfait ou au passé décomposé (p. 24). Un assortiment de plantes dangereuses à l’ouïe déjà et de décor baroque. Échec cuisant en fin de partie, à chaque coup l’on perd. Un mélange de cruauté et de piété, comme on le trouvait parfois en Espagne, autrefois. Un goût des énumérations, qui nous ramène aux Miroirs du Moyen-Âge, bêtes et plantes, toute la création est convoquée. Elle jette ces noms par poignées, comme du pain pour les carpes : noms de plantes vénéneuses, noms de bêtes malfaisantes et malheureuses. Cela finit par ressembler à un tableau de Jérôme Bosch, grouillant de gargouilles et de chimères, ou à l’un de ces portraits d’Arcimboldo, à ces trognes rutilantes de mille créatures assemblées.
Métaphore de la chasse, mise en parallèle avec l’échec des illusions. Le chasseur est toujours maudit, et c’est la mesnie Hellequin qui passe dans le ciel. Et puis, la noblesse, les armées. Et toujours cet imparfait.
Tout ici est dans le ton, un ton d’incantation, de malédiction, doué d’une force extrême, de par la répétition et la gravité du propos, plutôt que dans l’enchevêtrement pittoresque des termes rares. Tout nous ramène ici au Moyen-Âge, à son anxiété, à sa cruauté. Comme si cet être multiforme qu’elle tutoie, il fallait l’écraser, l’humilier, le mettre plus bas que terre. Étrange relation d’amour-haine, incessant combat et lutte incertaine.

Joseph Bodson, Reflets Wallonie-Bruxelles, n°44, avril-mai-juin 2015 et site de l’AREAW, 23 mars 2015


Jadis vivait ici invite le lecteur à partager un univers d’usages, de rites, de conventions d’un autre âge, lorsque nos contrées étaient toutes de chevaliers, de miracles et de cloches. Cette plongée nous vaut une quête lexicale féconde avec nombre de termes presque oubliés mais qui convient à une exploration qui ne soit pas seulement exotique. Héraldique, potions, coups de lances, heaumes. Tu tresseras la ronce d’hiver aspergée d’eau bénite. L’épine de rat ressuscitée au pays des chardons et des piques.
Ainsi passent des mythologies au fil des vers ; des questionnements profonds sur la violence intimée au cœur de ce monde, juste reflet parfois du nôtre ?

Philippe Leuckx, Le Journal des Poètes, 85ème année, 1/2016


Avec Jadis vivait ici (paru aux Éditions L’Âge d’Homme à Lausanne), un élégant texte pointilliste tissé sur une trame médiévale, notre compatriote Corinne Hoex apporte une nouvelle preuve de sa grande virtuosité littéraire et de son talent étrange et remarquable à raconter des histoires terribles à coups de petites touches sensibles, d’images captivantes et de mots qui font rêver.
Dans ce qui constitue une sorte de chanson des gestes de la vaine ambition humaine de faire de sa vie quelque chose d’impérissable, Corinne Hoex fait résonner la voix des trouvères pour convoquer les forces obscures de la nature, de la destinée, de la religion, du mal, de la foi, de l’esprit chevaleresque, de la désespérance, de la souffrance et de la mort pour nous tendre le miroir de notre époque, perpétuation de l’âge de fer des fanatismes en tout genre […]

Bernard Delcord, M… Belgique, 22 au 28 mai 2015, Lire est un plaisir, Homelit, (partenaires de Radio Nostalgie), Satiricon.be , 19 avril 2015, newsletter et site des Guides Delta, mai 2015


Jadis vivait ici, d’emblée, nous voici bien loin en lisant ces mots, et déjà rêveurs. Corinne Hoex a-t-elle décidé de nous enchanter en décidant de ce titre ? Titre programme, car la suite est bien plus étonnante encore. Once upon a time ? bien mieux, car au-delà du conte nous voici plongés dans les romans, de la table ronde ou non. Sept chapitres ou mieux sept chants vont s’énoncer à l’enseigne de jadis mais aussi annoncer un art du futur – ça reviendra –, des premiers aux derniers vers du recueil. Menace ou espérance ? Danger, s’il s’agit de brûler Tristan et la reine, qui moururent autrement. Espoir car la terre labourée revient à soi, boue natale, terre ferme enfin. Même si domine la violence en cet avenir imaginé, il y a l’assurance de vivre de la terre en sa terre.
Entre ces deux seuils, toute une histoire, comme on dit. D’abord un défilé, un répertoire imagé d’herbes mauvaises, menaçant les enclos, et qu’il faut éradiquer. Ensuite un voyage parmi les « anciens morts » et le décompte des os, des reliques, des mânes supposés qui bientôt se monnayent. Quant aux desservants, ermites, pèlerins, pénitents, sinon martyrs, sont-ils saints, en définitive, ces suppliciés qui saignent en volupté, fréquentent les bûchers ou les potences ? Petit feu ou hautes flammes, il n’y a de salut que dans le scandale, semble-t-il.
Foin de l’aspiration au très-haut, c’est la terre et ses richesses qui importent. Et le retour à l’animalité, celle des bêtes, celle de l’homme premier et même celle de la femme.
En fait, Corinne Hoex nous invite à une excursion, un voyage et une plongée en moyen âge, sauvage ou courtois, c’est selon, mais riche en couleurs, en paroles surtout. Mots rares, mots oubliés, images sorties de manuscrits enluminés. Jadis vivait, ici ou ailleurs, un héros, affreux ou splendide. Je crois que Corinne Hoex a voulu retrouver les charmes de ce temps-là, qu’ils se transmettent sous la forme de poison ou doux breuvage, parce qu’elle a, comme nous tous peut-être, gardé la nostalgie du philtre d’amour dangereusement irrésistible… L’essentiel est d’y croire ou de le désirer. Mais qu’on ne s’y trompe pas, notre auteure n’a aucun goût pour la cruauté. Sa seule délectation est de nommer, de jouer des mots et de l’arithmétique lexicale.  En poète toujours.

Jeannine Paque, Le Carnet et les Instants, 28 mai 2015


En poésie, l’auteur peut creuser, forer plus loin sa voie. Découvrir de nouvelles parcelles. Explorer les rives de l’expérimentation. Corinne Hoex appartient d’emblée à la deuxième catégorie, puisque, après l’étonnant Décollations — qui flirtait avec une relecture du lexique —, après le poignant Celles d’avant — consacré à la figure des mères et autres aïeules —, la voici, de nouveau en quête d’inconnu, direction Moyen-Âge.
Tout le livre est sans doute une manière d’ethnographie des usages d’alors. Non seulement, tout le « lexique » aussi y passe (que de termes botaniques aux consonances « diaboliques », comme « mélampyre des champs » et autres herbacées), mais il y a volonté d’écrire pour évoquer sous toutes les coutures ce « jadis » de nos chansons, contes et autres croyances.
En six tranches de poèmes brefs, souvent elliptiques, l’auteur dévide ses multiples connaissances et références médiévales, sans en faire un pavé d’érudition massive et compacte, non, mais une insertion à vif dans la vie d’alors, vrai tissu d’usages, d’héraldique, de joutes où « ton jaseran étincelait », d’initiation aux « charmes » d’une époque par ailleurs terrible, vénéneuse, de chasses et de rapines, de « galop » et de « grand veneur ».
Toute l’époque — religieuse, politique, sociale, faussement médicale — s’y retrouve : et le « graal solitaire » n’est pas en reste au milieu du « saint chrême » et autres huiles !
« Tu as eu jadis une mandorle de lumière pour vêtement » : nous voilà plongés dans les « petites gloires » ovales d’un monde disparu, sauf à franchir les portes basses des monastères et les porches des autres cathédrales (tiens tiens de nouveau la Sylvestre… clin d’œil comme au portrait de « mes aïeules » de Celles d’avant).
Un livre poétique d’histoire des temps jadis.

Philippe Leuckx, Lettre de l’AEB, avril 2015, et Revue Phoenix